Argument
Acte I
En 1572, dans son château, entouré de seigneurs parmi lesquels Tavannes, Cossé, de Retz, Thoré et Méru qui font l’éloge du plaisir, le Comte de Nevers annonce l’arrivée imminente d’un dernier convive, un huguenot, avec lequel il souhaite acter la réconciliation entre catholiques et protestants (« Des jours de la jeunesse »). C’est alors que ce dernier, Raoul de Nangis, fait son apparition. Aussitôt, l’assemblée l’invite à dîner et à boire à l’amour. De Nevers explique se marier le lendemain et invite Raoul à narrer ses propres amours (« A table, amis, à table ! »). Ce dernier explique être tombé amoureux d’une inconnue qu’il a secourue (« Non loin des vieilles tours », « Plus blanche que la blanche hermine »). C’est alors que Marcel, son serviteur aux mœurs sévères, fait irruption, lui reprochant sans détour de boire avec des catholiques. Il entonne alors un chant protestant, forçant ainsi Raoul à poser son verre (« Seigneur ! Rempart et seul soutien »). Cossé le reconnait pour avoir combattu contre lui sur les remparts de La Rochelle. Le seigneur lui propose de trinquer à leur réconciliation, ce que Marcel refuse. L’assemblée l’enjoint alors à chanter une chanson à la place. Ce dernier entonne le chant anticatholique que les protestants chantaient à La Rochelle (« A bas les couvent maudits »).
Un valet annonce l’arrivée d’une dame qui attend de Nevers : ce dernier s’empresse, provoquant les rires de ses convives (« L’aventure est singulière »). Tavannes indique alors une fenêtre donnant sur l’oratoire, pouvant permettre de voir la belle. Chacun s’empresse et Raoul reconnait en elle la demoiselle qu’il a secourue et dont il est tombé amoureux. Apprenant cela, la bonne humeur de l’assemblée redouble, tandis que Raoul enrage de la trahison de la jeune femme (« L’aventure est plus piquante »). De Nevers revient, sombre : la jeune femme n’est autre que sa promise qui lui demandait de rompre son engagement (« Il faut rompre l’hymen »). De Nevers n’en pipant mot, l’assemblée le fête comme un grand séducteur (« Honneur au conquérant »). Le page Urbain fait alors son entrée, annonçant qu’il détient une lettre d’une noble dame pour l’un des convives (« Une dame noble et sage »). À la surprise générale, cette missive, signée de Marguerite de Valois (la sœur du Roi), est adressée à Raoul. Les seigneurs y voient là le signe d’une fortune annoncée pour le huguenot (« Les plaisirs, les honneurs, l’opulence »). Raoul est emmené, yeux bandés, jusqu’au Château de Chenonceau.
Acte II
À Chenonceau, Marguerite achève sa toilette, en compagnie d’Urbain (« O beau pays de la Touraine »). Paraît alors une jeune demoiselle d’honneur, Valentine, que Marguerite a pris sous son aile. Cette dernière lui annonce l’annulation de ses fiançailles avec le Comte de Nevers : Marguerite s’en félicite et lui promet d’arranger un hymen avec Raoul. Les dames de compagnie reviennent (« Venez sous ces épais ombrages »). Urbain annonce alors l’arrivée de Raoul, accueilli par les dames (« Le voici ! Du silence »). Marguerite autorise alors Raoul à ôter le bandeau lui cachant les yeux (« Beauté divine, enchanteresse »). Aussitôt, le huguenot, ravi de pouvoir se venger de Valentine dont il se croit trahi, déclare se placer au service de Marguerite. Cette dernière, séduite par le jeune homme, n’en reste pas moins fidèle à la promesse faite à Valentine (« Si j’étais coquette »). Urbain entre de nouveau et annonce l’arrivée des seigneurs que la Reine Marguerite attend. Cette dernière explique à Raoul qu’elle souhaite lui faire épouser la fille du Comte de Saint-Bris, son ennemi, afin de réconcilier catholiques et protestants. Raoul accepte cette union. Les seigneurs entrent alors, chantant les louanges de la Reine (« Honneur à la plus belle »). Marguerite transmet à Saint-Bris et de Nevers un ordre de son frère, le Roi Charles IX, leur demandant de revenir à Paris dès le lendemain, pour un vaste projet qu’elle ignore. Pendant ce temps, Marcel se joint à l’assemblée et tente de décourager Raoul d’accepter le mariage. À la demande de Marguerite, Raoul, de Nevers et Saint-Bris se jurent une éternelle amitié (« Par l’honneur, par le nom »). Satisfaite, Marguerite fait alors entrer Valentine. Mais lorsque Raoul la reconnait, la pensant toujours maîtresse de de Nevers, il refuse le mariage et outrage la jeune femme. Frémissant, Saint-Bris jure de venger cet affront dans le sang, tandis que Marcel applaudit le courage de son maître (finale, « Ah ! Je tremble et frémis »). Alors que Raoul et Saint-Bris dégainent leur épée, Marguerite les sépare, gardant le premier auprès d’elle et renvoyant le second à Paris, près du Roi.
Acte III
Au Pré-aux-Clercs, des promeneurs se délassent (« C’est le jour du dimanche »). Des soldats huguenots, parmi lesquels Bois-Rosé, chantent un couplet militaire, se rendant dans un cabaret (« Prenant son sabre de bataille »). Passe alors un cortège de mariage, à la tête duquel se trouvent de Nevers et Valentine (« Vierge Marie, Soyez bénie »). Alors que Marcel arrive sur les lieux, la tension monte entre catholiques et huguenots. Deux bohémiennes font leur apparition, proposant aux villageois de prédire leur avenir (« Vous qui voulez savoir d’avance »). De Nevers et Saint-Bris sortent de la chapelle, l’union célébrée, tandis que Valentine est restée prier devant l’autel. Apercevant Saint-Bris, Marcel vient à sa rencontre et lui tend une missive de Raoul, tout juste rentré à Paris avec Marguerite, demandant un duel. Maurevert, qui l’accompagne, lui suggère de ne pas risquer sa vie en affrontant Raoul à la loyal, et lui propose ses services pour organiser l’assassinat. Le soir étant venu, un archer signale le couvre-feu (« Rentrons, habitants de Paris »). Valentine sort de la chapelle. Cachée, elle a entendu la conversation de son père et Maurevert, et se trouve résolue à empêcher l’attaque. Alors que Marcel paraît à la recherche de son maître, Valentine, voilée, le prévient du danger que court Raoul, puis retourne prier dans la chapelle (« Derrière ce pilier, cachée à tous les yeux »).
Arrivent alors Saint-Bris, Raoul et leurs témoins. Malgré les mises en gardes de Marcel, Raoul déclare accepter les règles de son adversaire et s’apprête au combat (« En mon bon droit, j’ai confiance »). Mais Maurevert surgit, entouré d’hommes en arme. À cet instant, les soldats huguenots sortent du cabaret et sont appelés en renfort par Marcel. À cette alerte sortent de tout côté catholiques et huguenots, se précipitant dans une empoignade générale (« Nous voilà ! Félons, arrière !»). Tandis que Raoul et Saint-Bris croisent le fer, Marguerite, paraît avec sa suite et interrompt le chahut. Marcel, cherchant à exonérer son maître, raconte avoir été prévenu d’un complot par un ange. À cet instant, Valentine ressort de la chapelle : Marcel la désigne (« Quoi ! Même dans Paris »). Saint-Bris lui retire son voile et reconnait sa fille. Marguerite rassure alors Raoul sur l’amour que lui porte Valentine. Comprenant sa méprise, il exhorte Saint-Bris de lui pardonner et de lui donner sa main. Ce dernier lui annonce alors qu’elle vient d’épouser de Nevers. De Nevers, paraissant justement avec son cortège nuptial, emmène la jeune femme avec lui (« O surprise nouvelle »). La rage gagne de nouveau catholiques et protestants qui se menacent et s’insultent (« Plus de paix ! Plus de trêve ! »).
Acte IV
Le 23 août, dans les appartements du Comte de Nevers, Valentine implore Dieu de lui apporter l’oubli (« De mon amour faut-il, triste victime »). Raoul paraît alors, décidé à la voir au péril de sa vie (« Juste ciel ! Est-ce lui »). Alors que Saint-Bris, de Nevers et d’autres seigneurs catholiques approchent, il se cache derrière une tenture. Saint-Bris annonce l’ordre reçu du Roi de faire exécuter tous les seigneurs protestants (« Pour cette cause sainte »). Tandis que tous jurent d’obéir, seul de Nevers refuse de souiller son honneur en s’attaquant à des hommes sans défense. Saint-Bris ordonne qu’il soit gardé sous surveillance (« Ma cause est juste et saine »). Saint-Bris donne alors ses ordres (« Et vous qui répondez au Dieu qui nous appelle »). Trois moines sont appelés pour bénir les poignards, encourageant les soldats à tuer sans pitié (« Gloire au Dieu vengeur »).
Une fois les catholiques partis, Raoul, sortant de sa cachette, s’élance pour prévenir les huguenots de la menace qui les guette. Mais Valentine le retient de peur qu’il ne soit tué lui aussi (« Le danger presse et le temps vole »). Pour le retenir, elle lui déclare son amour (« Non, par toi ce seuil redoutable »). Mais une cloche, signal du massacre, retentit : Raoul repousse Valentine et court défendre les siens. Valentine tombe évanouie (« Plus d’amour ! Plus d’ivresse »).
Acte V
Dans l’hôtel de Sens sont réunis de nombreux seigneurs huguenots, parmi lesquels Damville et de Guerchy, entourant Marguerite, tout juste mariée à Henri de Navarre. Raoul paraît, les habits ensanglantés, alertant l’assemblée du massacre en cours et du meurtre de Coligny, le chef des huguenots (« A la lueur de leurs torches funèbres »).
De son côté, Marcel aide femmes et enfants huguenots à rejoindre le temple protestant près de l’autel duquel ils souhaitent attendre la mort. Raoul l’y retrouve, bientôt rejoint par Valentine qui lui apporte une écharpe blanche, symbole protecteur, espérant encore sauver sa vie. Elle apprend que de Nevers a succombé sous les coups des catholiques en protégeant Marcel : elle est donc à présent libre de l’épouser. Mais Raoul refuse d’abjurer sa foi. S’écroulant dans sa détresse, Valentine abjure alors la sienne : convertie au protestantisme, elle attendra la mort avec son amant (« Où courez-vous ? À la gloire ! Au martyre »). Marcel célèbre leur union, s’accompagnant des chants des femmes et des enfants, qui, dans le temple, attendent la mort (« Savez-vous qu’en joignant vos mains »). À cet instant, les soldats pénètrent dans le temple : de l’extérieur, Raoul, Valentine et Marcel entendent, en prière, les victimes poursuivre leur chant durant le massacre, puis le silence s’installer. Le visage de Marcel, pris d’une vision, s’éclaire (« Voyez, le ciel s’ouvre et rayonne ») tandis que des soldats catholiques leur font face à présent, leur demandant d’abjurer leur foi. Devant le refus des trois victimes, ils se jettent sur elles (« Abjurez, huguenots, ou mourez ! »).
Peu après, Valentine prodigue des soins à Raoul et Marcel, mortellement blessés. Saint-Bris paraît alors et, voyant des huguenots, ordonne leur exécution, avant de reconnaître sa fille, trop tard. En mourant, Marcel le maudit tandis que sa fille lui pardonne (« Par le fer et par l’incendie »).