Etat civil
- Créateur lumières
- Metteur en scène
- Créateur décors
- Créateur costumes
Biographie
Le metteur en scène canadien Robert Carsen est né à Toronto le 23 juin 1954. Son père est un philanthrope très influent au Canada. La famille Carsen est d’ailleurs très sensible à l’art lyrique : il assiste à de nombreuses représentations de la Canadian Opera Company. Adolescent, Robert Carsen est fou de théâtre et se rêve acteur. Il se produit dans toutes les productions de son lycée. Une fois terminé son cycle secondaire, il fait des études de théâtre à l’Université York de Toronto. A vingt ans, il quitte le Canada pour l’Europe où il rejoint l’École de Théâtre de Bristol Old Vic pendant deux ans. L’un de ses enseignants s’aperçoit qu’il ferait un metteur en scène idéal, puisqu’il n’a de cesse de faire des suggestions à ses camarades. Il fait la connaissance de David Hockney en 1975, alors que celui-ci réalise les décors d’un Rake’s Progress de Stravinsky à Glyndebourne. En 1980, il devient assistant au Festival de Spolète de Gian Carlo Menotti, avant de devenir assistant au Festival de Glyndebourne. Peu après, il réalise sa première mise en scène propre, au Festival de Printemps de Guelph dans l’Ontario où il dirige Le Phare de Peter Maxwell Davies.
Sa carrière en Europe prend de l’ampleur à partir de 1986, date à laquelle il met en scène La Finta Gardiniera de Mozart au Festival de Camden. Dans le public se trouve Hugues Gall, alors directeur du Grand Théâtre de Genève, qui lui propose de mettre en scène Méphistophélès d’Arrigo Boito en 1988. Peu après, Marc Clémeur, alors directeur de l’Opéra de Flandre lui confie un cycle Puccini qui démarre en 1990 avec Manon Lescaut et s’achève en 1996 avec Le Triptyque, et comprend également Tosca (1991), Turandot (1992), La Bohème (1993), Madame Butterfly (1995) et La Fanciulla del West (1996). Parallèlement, il fait ses débuts en France en 1991 au Festival d’Aix-en-Provence dans Le Songe d’une Nuit d’Eté de Britten. La même année, la production de l’Opéra des Flandres de Manon Lescaut est reprise à l’Opéra de Paris. Il revient au Festival d’Aix-en-Provence à de nombreuses reprises, notamment en 1994 dans La Flûte Enchantée de Mozart. En 1995, il réalise sa première mise en scène spécialement pour l’Opéra de Paris : Nabucco de Verdi pour le premier spectacle qui y est programmé par Hugues Gall. La même année, il met en scène un autre opéra de Verdi pour ses débuts à l’Opéra d’État de Vienne, Jérusalem. Ainsi, Robert Carsen devient l’un des metteurs en scène les plus renommés d’Europe et façonne peu à peu son style caractéristique. Tout en ayant des partis pris forts par rapport à l’œuvre originelle, Robert Carsen actualise l'exigence esthétique. Certaines trames se retrouvent dans nombre de ses mises en scène, comme le théâtre dans le théâtre et l’auto-réflexivité. Ainsi, sa Tosca n’est autre que la Callas. Il recourt également à des procédés tels que rallumer les lumières de la salle ou faire jouer une partie de l'opéra au milieu du public. Enfin, il utilise fréquemment des motifs tels que l’eau ou le feu, un jeu de lumière savant et un certain minimalisme. Il est presque systématiquement secondé par Michael Levine aux décors et costumes et par Peter van Praet à la lumière, ce qui assure une grande continuité dans son esthétique.
De 1999 à 2003, il monte un Ring à Cologne. Il commence également en 1999 un cycle Janacek à l’Opéra des Flandres avec Jenufa, qu’il poursuit quelques années plus tard à l’Opéra National du Rhin, lorsque Marc Clémeur passe du premier établissement au second. Dans ce cycle figurent Jenufa en 2010, L’Affaire Makropoulos et Katia Kabanova en 2012, La Petite renarde rusée et De la Maison des Morts en 2013. Sa mise en scène des Dialogues de Carmélites de Poulenc à La Scala en 2000 remporte les suffrages de la critique, tout comme ses Contes d’Hoffmann (Offenbach) la même année, où il opère de nouveau une mise en abyme situant le prélude dans le foyer, un acte sur scène, un acte dans la fosse et un acte dans le public. Parmi ses mises en scène notables figurent également Rusalka de Dvorak à l’Opéra de Paris en 2002 avec Renée Fleming dans le rôle-titre, dans laquelle il livre une vision psychanalytique de l’histoire de la sirène, puis Capriccio de Strauss au Palais Garnier en 2004, œuvre idéale pour Carsen au vu de son goût pour les mises en abyme. Le Canadien réalise d’autres mises en scène de Strauss, y compris un Chevalier à la Rose au Festival de Salzbourg la même année. En 2004, il réalise le spectacle inaugural de la réouverture de la Fenice, une Traviata avec Patrizia Ciofi. En 2007, il fait ses débuts à Covent Garden dans Iphigénie en Tauride de Gluck.
Parmi ses mises en scène les plus frappantes de ces dernières années figurent Salomé (Strauss) au Regio de Turin et Ariane à Naxos (Strauss) à Munich en 2008, My Fair Lady de Loewe au Châtelet en 2010, la création mondiale de JJR de Philippe Fénelon au Grand Théâtre de Genève en 2012 ou encore Rigoletto de Verdi à Aix-en-Provence en 2013. Il met en scène la création CO2 de Giorgio Battistelli à La Scala, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Milan 2015. L'année suivante, il met en scène Le Crépuscule des dieux de Wagner au Liceu. Il se rend également au Théâtre de la Vienne pour la mise en scène d'Agrippine de Haendel puis revient à Strasbourg avec une nouvelle vision de Don Carlos de Verdi, ces deux productions ayant comme point commun un surprenant rebondissement final. Toujours en 2016, il produit un Orfeo de Monteverdi à Lausanne. Il se rend également à Covent Garden avec Le Chevalier à la Rose de Strauss qu'il reprend au Met l'année suivante pour les adieux de Renée Flemming au rôle de la Maréchale. Il monte également The Beggar's Opera aux Bouffes du Nord où débute une impressionnante tournée européenne. En 2018, il donne Falstaff au ROH, La Ville morte de Korngold à l'Opéra Comique de Berlin et Hänsel et Gretel (Humperdinck) à Zurich. En 2019, il s'attaque à Idoménée à Madrid puis met en scène la première mondiale d'Oceane (Glanert) à l'Opéra allemand de Berlin et crée de nouvelles productions de Jules César à La Scala et de Cav/Pag à Amsterdam.
En 2020/2021, Robert Carsen présentera en septembre Destiny, une création conçue pour la cérémonie d’ouverture du festival Janacek de Brno. En décembre aura lieu la première de Platée au Théâtre de la Vienne. En janvier 2021, il sera de retour à l’Opéra National de Paris avec ses productions de La Flûte Enchantée (à Bastille) et Capriccio (au Palais Garnier). Il sera à l’Opéra de Lausanne en mai avec sa production de Rinaldo montée pour Glyndebourne. Il retrouvera la France en mai avec sa Tosca donnée à Lille. Sa saison s'achèvera en juin à Florence avec une nouvelle production du Retour d’Ulysse dans sa patrie.