C’est d’abord le Laetetur cor quaerentium Dominum, le chœur louant les cœurs pieux, qui est entonné dans l’église Abbatiale de Fontevraud, par les hommes du chœur de La Maîtrise Notre-Dame de Paris, derrière le public, comme un écho lointain qui vient poser l’atmosphère chaleureuse et réconfortante de la soirée. Après cette entrée en matière et dans les lieux avec ce chant grégorien (racines du chant religieux qui va suivre), place à la musique de Monteverdi, Cavalli, Carissimi. 

Deux solistes sopranos du chœur (Sarah Charles et Rebecca Moeller) présentent leurs voix jeunes, toniques, libres, accompagnées par Yves Castagnet à l’orgue dans un juste équilibre vocal et instrumental. Plus tard, Rebecca Moeller fait briller sa voix claire, précise, juste, enveloppée d’un vibrato naturel au service de Jephte de Giacomo Carissimi, tout comme le ténor David Esteban Hozman Checa de son timbre rond et chaleureux.

Le chœur s’installe progressivement et se reconfigure selon les pièces, mettant en valeur les différentes géométries de ces musiques, comme leurs voix individuelles mettent en valeur le contrepoint de Monteverdi ou l’harmonie (souvent en triple chœur homogène avec l’équilibre que permet cette acoustique). La phalange sait aussi montrer toute sa puissance et sa générosité, multipliant les contrastes au service du Gloria.

La direction d’Henri Chalet est généreuse, fluide, tonique à l’image de l’énergie déployée par ces jeunes chanteuses et chanteurs. Leur enthousiasme se voit et s’entend, avec des contrastes maîtrisés tant dans les nuances que dans les phrasés, le tout accompagné par le continuo. Les deux violonistes baroques sont toutefois éloignés l’un deux l’autre, et leur dialogue de lignes et de timbre s’en trouve parfois mal synchronisé.

Les applaudissements sont chaleureux, le public en redemande et obtient justement un Cantate Domino l’entraînant à « Chanter avec joie… »