Noël avec Bach et Telemann par Café Zimmermann à Aix
Le programme conçu avec beaucoup de soin fait dialoguer dans une même galaxie sonore (celle des cantates de Noël) deux univers musicaux, spirituels et symboliques, entre Bach et Telemann. Le petit théâtre du Jeu de Paume permet une proximité entre les musiciens, le public (échangeant des sourires avec le plateau), le son et le répertoire finement diversifié sur instruments d'époque.
D’autant que ce petit monde musical se tient debout, mobilisant particulièrement les corps, pris dans la toile étincelante des pulsations, autant pour les moments lents que vifs. Tous les membres de l’ensemble sont en particulier suspendus à l’archet de leur co-directeur et fondateur (en 1999), Pablo Valetti. Sans cesse, le plateau vivant se réassortit, par les interprétations et la géométrie variable entre les différentes pièces, du tutti avec la chanteuse, à la sonate en trio. Les interprètes dégagent ainsi les fortes racines chambristes de l'écriture baroque, l’expression concentrée de la composition de Bach, noyau au cœur de tous ses déploiements. Chez Telemann et dans cette interprétation règnent en contraste la jubilation, les textures légères, les formules courtes et scintillantes. Céline Frisch (également directrice artistique) soutient l'ensemble au clavier de sa virtuosité discrète, soit comme soliste, soit comme continuiste d'une tapisserie aérienne exaltant la flûte, détendant le hautbois, auréolant la voix, tandis que les cordes assurent la structure et transparence de l’ensemble (prélude et fugue).
La voix pure de Núria Rial entre dans le clair son de la flûte, ou de manière tranchée et directe, pour déployer ses lignes faites d’expression sereine. La nativité est célébrée par la lumière de ses aigus brillants, purs, aériens, faciles, mais jamais spectaculaires : avec même une retenue du son faisant vibrer les lèvres, même avec ferveur. Ses vibratos, élégants, très contrôlés, sont éléments de langage et non de décoration. Ils accentuent tel mot ou telle syllabe, colorant la ferveur baroque. Les consonnes sont simplement posées sur le legato du chant, d’un son à l'autre. La liturgie est restituée avec cette narration naturelle tandis qu’une liqueur de myrte et d’encens émane du timbre de la chanteuse.
Le public, qui ne sait trop quand exprimer sa réjouissance dans ce tissu d’œuvres finement assemblées, répond aux gestes finaux de détente du chef et de la chanteuse par de chaleureux applaudissements. Il obtient, comme une cerise sur le gâteau, une petite gavotte de Bach, annoncée en français et d’une voix chantante par Núria Rial.
Ahir a Aix en Provence amb Cafè Zimmermann i la meravellosa Núria Rial #nuriarial #cafezimermann #bach #telemann @Les_Theatres pic.twitter.com/jT1pLudxYM
— Núria Pujolràs (@nuriapujolras) 30 novembre 2022