Apér’Opéra avec même Wagner à l'accordéon pour la rentrée de l'Opéra Grand Avignon
Les deux artistes complices proposent dans la Salle des Préludes un programme varié et captivant (et osé également, il faut bien le dire) qui leur permet, à chacun et ensemble, de déployer qualité et originalité. Le programme de ce "cabaret lyrique", comme le décrit le baryton, comporte des mélodies et des airs d’opéra de Wagner, Puccini, Massenet, Duparc, Gounod, parmi d’autres, ainsi que des solos, des arrangements et des créations de l’accordéoniste (Wagner accompagné à l’accordéon, tout à fait).
Pierre Cussac ouvre le spectacle et son piano à bretelles depuis le fond de la salle, cheminant vers un pot-pourri de valses mâtiné de citations (mariant La Veuve joyeuse et La Bohème). Son interprétation passionnée déploie des mouvements élégants et délicats : "La crème de la crème de l’accordéon", comme le décrit si chaleureusement Jean-Marc Salzmann. La connexion entre les deux artistes est plus qu’évidente, Pierre Cussac restant toujours dynamique mais très attentif au chanteur, s’adaptant rapidement aux changements de tempi, aux départs et fins de phrase du soliste lyrique. À son tour, celui-ci regarde et écoute son collègue, avec même une forme d'extase devant l’aisance et la dextérité qu’il déploie du début à la fin du spectacle.
Le baryton Jean-Marc Salzmann (prochainement à l'affiche in loco du Chevalier à la rose), attise l'intérêt du public et immerge l'auditoire dans le contexte de chaque air qu'il présente avec une touche d'humour, rendant l'ambiance amène et conviviale. La relation artiste-public se renforce ainsi au fur et à mesure que le spectacle avance. Il implique aussi le public par le biais d’une grande expressivité, tant physique que vocale, faisant montre d'une voix bien timbrée, avec une puissance très adaptée à la petite salle. Sa diction est également très soignée, autant en italien et en allemand qu'en français. S’il parvient à chanter des aigus très sonores et avec un bon soutien, sa voix se sent toutefois un peu étouffée par la faible résonance de la salle, rendant le son un peu sec par moments. Malgré un départ un peu faible en Don Giovanni et un petit problème de texte à la fin de son air sur La Vie Parisienne, il livre une prestation débordante de talent et de dynamisme, avec un registre de baryton très agréable à entendre, un charisme non négligeable et une grande présence vocale, pleine de nuances, surtout dans le toast d'Escamillo (Carmen).
La soirée se termine sur de chaleureux applaudissements, avec un air bonus (à nouveau La Veuve joyeuse) et Plaisir d’amour faisant chanter le public en chœur.