Hommage à Michel Legrand au Festival de Glanum
Le Festival de Glanum affiche complet pour sa soirée de clôture qui rend hommage au regretté Michel Legrand. Sous les colonnes Romaines éclairées du site Antique de Saint Rémy-de-Provence, quelques uns de ses amis intimes se sont donnés rendez-vous pour célébrer son héritage dans un moment de souvenir festif. Ses musiciens « historiques » que sont le trompettiste Claude Égéa, le tromboniste Jean-Christophe Vilain, le contrebassiste Marc-Michel Le Bevillon, le batteur Thierry Chauvet-Peillex et le pianiste Patrice Peyriéras s’associent à l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé pour l’occasion par Samuel Jean pour accompagner Henri Demarquette, Natalie Dessay et Neïma Naouri.
Aucune des multiples facettes dans l’œuvre de Michel Legrand n'est oubliée : si la musique de film y tient un rôle prépondérant, particulièrement les comédies musicales, la musique plus « savante » est également à l’honneur, avec des passages de son Concerto pour violoncelle, interprété avec brio par Henri Demarquette, de même que son répertoire de jazz instrumental, auquel se mêle, une fois n'est pas coutume, la phalange classique.
Le lieu en plein air, la pluralité du répertoire et des instruments rendent la sonorisation indispensable (sans quoi la batterie aurait couvert l'ensemble) mais le chant dans l'aigu se trouve parfois couvert par la trompette notamment lorsque l'ingénieur du son tarde quelques fois à monter le volume des débuts de phrases vocales.
Natalie Dessay et Neïma Naouri se relaient au micro, et se retrouvent ponctuellement pour des duos où elles interprètent leurs personnages avec vigueur, et développant une belle complicité avec le public. Avec un certain humour, elles n’hésitent pas à mettre en scène leur relation personnelle, notamment avec le duo Mother and Child.
Neïma Naouri possède une amplitude vocale impressionnante, capable d’aigus éclatants et incisifs comme de petites digressions parlées, mais sans toutefois détimbrer. Très à l’aise techniquement, elle projette sa voix avec puissance, et sa longueur de souffle lui permet de belles notes tenues qu’elle ponctue à la fin d’un petit vibrato resserré. Sa prononciation de l’anglais américain lui permet d’ajouter encore de l’expressivité à son chant.
Natalie Dessay, tout à fait dans son élément sur scène, prend le micro pour annoncer les morceaux suivants. S’excusant par avance d’éventuels trous de mémoire, auxquels personne ne croit, et qui bien sûr n’adviennent pas, elle montre toujours dans son chant un engagement semblable à celui qui a fait sa réputation. Elle s’empare des mélodies, jouant avec le phrasé et les nuances, et y ajoute sa touche, son émotion, tout en complicité avec ses accompagnateurs, l’orchestre et bien sûr Neïma Naouri.
Les applaudissements du public viennent saluer ce moment de souvenir. À la demande générale, Natalie Dessay et Neïma Naouri reprennent Chanson d’un jour d’été pour conclure le concert dans l’esprit joyeux et optimiste (« aimer la vie ») voulu par ses organisateurs.