L’Enfant et les Sortilèges, Ravel par Schumann au Festival OFF d’Avignon
Danse, marionnette, chant et jeu se réunissent ici avec aisance dans ce décor simple mais tout à fait adapté, à la petite salle et à cette œuvre. Un petit pédiluve suffit à représenter la chambre enfermant l’enfant réprimandé et contenant deux étagères. L’enfant est d’abord représenté par une petite poupée blanche posée sur l’une des étagères par la chanteuse Charlotte Schumann. Celle-ci assume à elle seule le chant et le jeu, avec la danseuse (Sophie Billon, alternant avec Marion Parrinello) et le pianiste Bruno Bianchi (interprète et responsable de l’adaptation musicale).
En l'absence de la maman, et les différents rôles d’objets et d’animaux étant symboliquement confiés ici à la danseuse, l’attention se focalise d’abord et notamment sur la mezzo-soprano Charlotte Schumann en enfant. Sa légère timidité initiale s’estompe à l’aide d’un jeu d’actrice travaillé quoique mesuré (quelques gestes restent retenus et mériteraient davantage d’expressivité). Son expressivité est bien plus vocale, tout comme son aisance : sa grande voix ronde emplit la petite salle avec un timbre chaud et velouté ou par ses aigus bien soutenus et joliment vibrés. Cependant, ses départs manquent par moment un peu d’allant et ses graves tendent à détimbrer avec un peu d’air dans sa voix.
Bien qu’elle n’interagisse jamais directement avec la danseuse, l’interaction des arts et des artistes reste complémentaire, cohérente et légère dans l’univers de cette petite chambre d’enfant. La danseuse Sophie Billon offre au spectacle force et énergie (jusqu’à monopoliser par moments l’attention du public), avec des mouvements précis et puissants qui condensent à elle seule les rôles des objets et animaux, faisant aussi bouger la poupée qui offre une autre interaction en miroir.
Le court spectacle de 35 minutes pour une vingtaine de spectateurs se referme sur l’enfant appelant sa « Maman ! » et le public remerciant les artistes par de longs applaudissements enthousiastes.