Midi du Capitole avec Edwin Fardini
Une chose frappe d’emblée : l’éclectisme du programme proposé ce midi par Edwin Fardini (répertoire romantique allemand avec Liszt et Wagner, mélodies françaises de Duparc, opéra verdien, spirituals), montrant l’éclectisme et la polyvalence de ce jeune interprète. Il entre sur scène en tenue décontractée (vêtu d’un pull à col roulé), s’installe près du piano, sans pupitre, et sa voix puissante emplit aussitôt la salle.
L’allemand est chanté avec expression et nuances. Son médium riche déploie vite des harmoniques cuivrées sur les crescendi, qu’il précipite un peu parfois. De légères cassures dans ses aigus atténués sont toutefois enveloppées sans détimbrer. Il maîtrise par ailleurs la longueur de la phrase wagnérienne, et sa voix sied tout aussi bien à la mélodie française, qu’il chante de façon plus intime : à mi-voix d’un timbre satiné, qu’il sait amplifier dans les passages de tension. Le vibrato est savoureux, mais un rien trop "gourmand" quelquefois, ce qui nuit à la compréhension des paroles. C’est le cas dans l’opéra italien (Don Carlo de Verdi) mais la voix s’éclaircit ensuite, il capte son audience, émeut sur le largo "Io morro…" et recueille des ovations. La surprise du concert vient ensuite avec des morceaux de Spirituals (My Good Lord’s done been here, Deep river, Ride On King Jesus! puis en bis Wade in the water et He’s got the all world), qu’il entonne avec éloquence et vivacité : une surprise en tout cas pour ceux qui découvrent cet artiste, nos lecteurs ayant pu voir combien le mélange des répertoires a offert de succès à Edwin Fardini, notamment pour le Concours Voix des Outre-Mer. S’émancipant de sa technique lyrique mais pour s’y appuyer différemment, il lance quelques aigus d’une voix limpide sans vibrato. Son accompagnateur Robert Gonnella, se reconvertit ainsi momentanément en pianiste de jazz, lui qui aura joué d'une manière généralement assez lente et posée (rendant ce changement rythmé d'autant plus étonnant).
Sur la scène, Edwin Fardini s’avère au final un interprète sobre, doté d’une prestance et d’une autorité remarquées. Il esquisse par exemple un léger sourire de remontrance au moment où une sonnerie de téléphone retentit dans le public, les spectateurs en sourient aussi et ressortent du récital très satisfaits.