Passion délicate des Lieder avec Axelle Fanyo à La Seine Musicale
Il faut traverser le bâtiment de La Seine Musicale sur toute sa longueur pour découvrir l’intimiste salle de la Petite Seine et s'approcher d’autant plus de l’expressivité des musiciens, qui s'adressent ici directement et dans une grande proximité à l'auditoire de ce récital. La proximité romantique est aussi celle du programme : Wagner est ici encadré par deux compositeurs emblématiques de la modernité musicale qui lui succédera, mais les œuvres de Schoenberg et de Berg ici choisies sont encore des pièces de jeunesse, encore marquées par l'apogée du romantisme Wagnérien (quoiqu'annonçant, timidement, la modernité atonale à venir).
Les proximités et correspondances sont également renforcées par l'interprétation d'Axelle Fanyo, sa gestuelle, ses regards tendres, son doux sourire qui servent la délicatesse de ses phrasés et donc relient les images des différents poèmes de ces œuvres : ceux de Mathilde Wesendonck pour Wagner, pour Schoenberg ceux de Richard Dehmel et Johannes Schlaf celui-ci étant également l'un des sept poètes mis en musique dans le cycle de Berg.
L'application de la chanteuse pour Schoenberg et Berg se libère de toute partition et dans la passion amoureuse avec Wagner. L'aisance vocale et physique se met au service d'une présence intense et délicate. La finesse de ses phrasés se conserve même dans les moments les plus puissants. Les aigus rayonnent de passion tandis que ses graves déploient leur timbre de velours. Les motifs mélodiques sont clairement dessinés et animés ensemble en phrasés éloquents.
[les invités dInsula orchestra] Ce soir Axelle Fanyo et Tanguy de Williencourt ont magnifiquement interprété le concert « Récital Wagner » à @LaSeineMusicale ! pic.twitter.com/XytEQv2qUz
— Insula orchestra (@InsulaOrchestra) 7 décembre 2021
Le pianiste Tanguy de Williencourt confirme la délicatesse de son accompagnement lorsqu'il joue seul le Liebestod (amour et mort d’Isolde) arrangé par Franz Liszt : ses mains caressent constamment le clavier avec une certaine retenue, proposant de délicates couleurs, des nuances raffinées et surtout des lignes chantées (avec les respirations qui conviennent), dessinant la conscience mélodique avec sensibilité et intensité.
Le public salue avec chaleur le duo qui offre en bis un autre sommet de la fin du romantisme : Morgen! (Demain) de Richard Strauss, où le charme s'allie toujours à l'intensité.