Récital Diana Damrau de grande classe à Bordeaux
L’Opéra National de Bordeaux invite ainsi régulièrement en récital des voix internationales habituées des plus grandes scènes lyriques. Après, entre autres (et rien que cela !) : Sonya Yoncheva, Renée Fleming, Sondra Radvanovsky, Elīna Garanča, Jonas Kaufmann, Rolando Villazón, Michael Spyres, Benjamin Bernheim, Sir Bryn Terfel, Diana Damrau entre ce soir sur scène avec une magnifique robe longue rappelant l'époque 1900, entre bleu marine et violet, suivie par Maciej Pikulski en queue-de-pie. Les ramages se rapportent aux plumages, tant le récital démarre puissamment, avec cinq mélodies d’Henri Duparc. L’interprétation en déploie la matière sonore solide mais avec de grandes nuances, passionnées. Toute l’étendue vocale est rayonnante, surtout dans les aigus mais le medium est aussi électrique et chaleureux. Même pour cette tessiture de soprano, les graves ont une vraie présence. Toute la voix donne ainsi l’impression de s’écouler naturellement sans le moindre effort. L’accompagnement de Maciej Pikulski est d’une pureté raffinée comme de la soie. La présence et le soutien sont solides, portant et entourant la voix d’une riche sonorité de couleurs, sans volume sonore trop envahissant.
L’union musicale se poursuit à travers le reste du programme, concentrant dans l’intimité le cycle de huit Lieder composé par Robert Schumann “Frauenliebe und Leben” (L'Amour et la vie d'une femme) interprété avec beaucoup de subtilité, de nuance intimiste et de franchise. Le voyage et l’interprétation s’ensoleillent avec des mélodies espagnoles de Granados, Turina et Obradors. Les deux interprètes y recomposent une atmosphère complètement différente, plus passionnée et emportée, vers des vocalises entièrement habitées par Diana Damrau.
Pour conclure ce récital les Lieder de Richard Strauss creusent encore une expression vocale plus lyrique et expansive. Le duo ne cesse en même temps de se raffiner, sans la moindre faille. La sensualité rare (et rarement entendue ainsi dans ce répertoire) se déploie dans un phrasé toujours libre du moindre effort, jusqu’à la conclusion de ce récital.
Le public bordelais ravi, applaudit les artistes avec enthousiasme et reçoit notamment en bis “An die Musik” (A la musique) de Franz Schubert.