Requiem apaisé pour l’Orchestre de Chambre de Paris à Notre-Dame
L’Orchestre de Chambre de Paris avait choisi d’accompagner le Requiem de Fauré, œuvre majeure du répertoire sacré, par un Cantique du même compositeur et un Credo de James MacMillan (créé en 2012 à Londres). L’ensemble était chanté par la Maîtrise Notre-Dame de Paris, et en particulier la jeune Claire Macé dont la voix cristalline avait la charge de la partie de soprano, ainsi que par le baryton-basse Matthew Brook, sous la direction de l’élégant John Nelson.
Le Cantique dégage une impression de paix et de sérénité. L’orchestre, aux accents suaves, mené par ses alti particulièrement mis en valeur par la partition, est rapidement rejoint par des chœurs tout en nuance. L’entrée des enfants, parfaitement calibrée, est poignante.
Le Credo vient en contrepoint, avec une partition plus enjouée et dotée d’une grande puissance évocatrice, mettant notamment en exergue la puissance du chœur, qui scande sa croyance au milieu d’une tempête instrumentale. Les techniques musicales utilisées (archer frappé contre les cordes du violon, glissandi, etc.) témoignent de la modernité de l’œuvre. La joie de la résurrection est évoquée par une musique d’une grande vitalité, laissant peu après la place à l’attente, caractérisée par des notes tenues dans les aigus aux violons. L’Esprit-saint est évoqué par la douceur des voix de femmes et d’enfants et précède un amen très dansant.
Matthew Brook (© Richard Shymansky)
Fauré avait une vision très apaisée de la mort, sa foi la lui peignant comme un passage joyeux vers l’éternité. Cela se ressent dans la musique de son Requiem qui communique cette lumière de l’espérance avec poésie et douceur. L’œuvre bénéficie de l’interprétation exaltée de Matthiew Brook dont la diction est soignée et qui jongle avec les sauts de notes avec charme. Son souffle, mis en évidence dans le Libera Me, lui offre la maîtrise d’un instrument puissant. Il y tonne l’annonce de la colère divine, précédée d’un vibrant appel aux timbales et au cor. Le Sanctus est bercé par la mélodie aérienne et entêtante jouée en soliste par le premier violon de l’orchestre, Deborah Nemtanu. De leur côté, les contrebasses sont mises en avant dans un Agnus dei très lyrique auquel elles apportent une réelle profondeur. Les dernières notes évoquent la promesse du paradis, le violon solo se joignant à l’orgue dans un sommet de subtilité. Le public, nombreux, est conquis.