Un deuxième Apér’Opéra brillant en Avignon
Après le premier "Apér’Opéra" de la saison d’Avignon porté par la mezzo-soprano Valentine Lemercier et la pianiste Hélène Blanic à l’Auditorium du Conservatoire du Grand Avignon le mois dernier, c’est au tour de la soprano française d’origine arménienne Melody Louledjian, accompagnée par le pianiste italien Giulio Zappa de porter le deuxième événement de cette série. Organisé par l’Opéra Grand Avignon, le concept offre un récital chant/piano suivi d’une rencontre conviviale avec les artistes autour d’un verre, l’occasion d’apprécier au plus près de nouvelles voix.
Encore jeune, Melody Louledjian est pourtant déjà passée par de nombreuses maisons d’opéras à l’international et son large catalogue va du répertoire classique jusqu’au contemporain. Son programme du jour est à l’image de cette curiosité, de ces larges horizons vocaux, passant de Mozart et Puccini à Strauss, Marchetti, Torroba, Piazzolla et le fameux air Youkali de Weil.
La voix est d’abord un peu crispée, notamment sur la justesse dans le répertoire classique. Les graves restent alourdis et les attaques un peu agressives. Mais la ligne de chant se déploie dès le deuxième morceau et le répertoire romantique. La sensibilité grandissante révèle ses médiums chauds et richement timbrés, des aigus abordés avec délicatesse, mais légers et perçants. La date de composition des œuvres et la voix de l’interprète avancent ensemble, les chants plus récents conviennent mieux à sa tessiture, grâce à une diction travaillée (notamment en français), un timbre résonnant et contrôlé à travers les richesses harmoniques, le tout complété par une bonne projection sur l’ensemble de l’ambitus. Sensible et réceptive à son public, elle offre deux bis dans deux ambiances très différentes : La Biaiseuse d’Annie Cordy et Gianni Schicchi de Puccini ("O mio babbino caro").
Son partenaire de récital, pianiste demandé sur les plus grandes scènes et qui est également son coach vocal a travaillé avec les plus grands, tels que Luciano Pavarotti, Juan Diego Florez, Giulietta Simionato et bien d’autres. Toujours à l’écoute de la chanteuse, Giulio Zappa s’accorde avec elle à travers un élan expressif et un toucher rythmé adapté à la prosodie du chant. La complicité se fait ressentir par une bienveillance évidente et la chanteuse semble encore s’inspirer de l’intermède musical, une valse de Frédéric Chopin dans un entrain vibrant et charmant.
À l’image de l’accueil du public à la fin du concert, mais aussi à son issue par des interactions fort plaisantes, dans les échanges avec les artistes.