L’Instant lyrique de Véronique Gens à l'Éléphant Paname
Le public réuni dans l’intimité de
ce salon de spectacles chante par avance les louanges de
Véronique Gens et en particulier sa connaissance du répertoire de
mélodie française dont elle est une ambassadrice, comme ce soir
avec Gounod, Chausson, Lalo, Hahn, Duparc, Massenet et Offenbach,
ainsi que les moins connus Edmond de Polignac, et Théodore Dubois.
Certes, cela rend d’autant plus étonnant de voir un pupitre bien
frêle, ployer sous le poids des nombreuses partitions. Mais face à
l’inquiétude de voir la chanteuse trop rivée à ses notes, voire
avant une déception anticipée, Véronique Gens n’en offre par
moins élégance et charme.
Et ce soir, sous le dôme étoilé de Elephant Paname Susan Manoff accompagne L’INSTANT LYRIQUE de Véronique Gens. #Soldout! pic.twitter.com/WhUzRo0EdV
— linstantlyrique (@linstantlyrique) September" class="redactor-linkify-object">https://twitter.com/linstantly... 23, 2019
L'émission est claire, la diction satisfaisante et le timbre a de sa superbe quand il est parfaitement libre. Cependant, la soprano semble dans une forme de retenue, bloquant son chant à la recherche d'une nuance piano qui, à partir du haut médium, et parce qu'elle détimbre trop la voix, pose des problèmes de justesse et mène à des fins de phrases mal assurées. Le manque de résonance de la salle représente en l'occurrence une gêne que la chanteuse gère au mieux de ses possibilités. Son vibrato légèrement serré, venu de toutes ses années de pratique de la musique baroque, donne à son interprétation un charme suranné qui inviterait à l'entendre dans un répertoire de chanson française des années 1950 ou 60, tandis que lorsqu'elle "lâche la bride" de sa voix, le timbre prend une ampleur folle, rappel de la dimension lyrique de l'interprète.
Susan Manoff l'accompagne avec énormément de délicatesse, de chaleur et de malice. Elle donne par son jeu beaucoup de personnalité à la musique interprétée. Extrêmement à l'écoute de sa partenaire, prête à la suivre à chaque instant et à la rattraper dans les difficultés rythmiques (Papillons d'Ernest Chausson a toujours représenté une gageure pour les chanteurs), la pianiste offre un jeu plein, présent et incarné sans jamais faire d'ombre à sa complice.
C'est dans les dernières pièces que Véronique Gens se montre interprète diseuse d'histoire, et même espiègle, drôle, plus à son aise dans le style humoristique des Fables de La Fontaine mises en musique par Jacques Offenbach. Les deux artistes offrent de bon cœur trois bis réclamés par le public, dont le premier La Vie en Rose dans une interprétation légèrement jazzy fait aussi le lien avec son récital vénitien quelques jours plus tôt.
Réservez ici vos places pour toute la saison de récitals - L'Instant Lyrique à l'Elephant Paname : Thomas Bettinger et Nicolas Cavallier, Cyrille Dubois, Annick Massis, Karine Deshayes, Marie-Nicole Lemieux, Rachel Willis-Sorensen, Alexandre Duhamel et Angélique Boudeville, Sandrine Piau, Michael Spyres (chaque fois, avec champagne inclus)