Opéra national du Rhin jusqu'au Gange en 2019/2020
La Directrice des lieux, Eva Kleinitz présente sa troisième saison en mettant à l'honneur les artistes et artisans de la maison, l'occasion de valoriser et récompenser leur travail mais aussi d'attirer l'attention sur un point d'inquiétude : "la vétusté du bâtiment de l’Opéra, place Broglie" impose des contraintes en terme de sécurité et un traitement particulier de certains matériaux, "entraînant des surcoûts importants qu’une bonne gestion des deniers publics nous a invité à rejeter" ce qui a donc eu pour conséquence de "limiter la créativité des metteurs en scène et des scénographes". La Directrice qui avait déjà dû changer sa production choisie de Pelléas et Mélisande (remplaçant celle de Sidi Larbi Cherkaoui par celle de Barrie Kosky) la saison dernière conclut ce propos de manière assertive : "Afin que l’OnR puisse demeurer l’une des institutions les plus innovantes en France et au niveau international et que toutes les qualités de ses collaborateurs et des artistes invités puissent s’exprimer de la plus belle des manières, il est capital que des mesures fortes soient prises dans un proche avenir." À bon entendeur...
La programmation n'en demeure pas moins aussi riche qu'attendue. Barrie Kosky sera même de nouveau présent la saison prochaine et pour reprendre une comédie musicale : Un violon sur le toit (Fiddler on the Roof situé à Anatevka), grand succès à Broadway signé Jerry Bock avec le parolier Sheldon Harnick et qui sera dirigé par Koen Schoots avec le chorégraphe Otto Pichler.
La saison d'opéra s'ouvrira par la création française de 4.48 Psychosis : une plongée poétique dans la dépression achevée quelques semaines avant son suicide par la dramaturge anglaise Sarah Kane (1971-1999). Après Londres en 2017/2018, la mise en scène de Ted Huffman pour cet opéra composé par Philip Venables s'inscrira dans le cadre du Festival Musica avec l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg dirigé par Richard Baker.
Après Francesca da Rimini, Nicola Raab revient pour une nouvelle production, celle du conte lyrique Rusalka de Dvořák dirigé par Antony Hermus. Sous l'œil inquiet de son père Vodnik (Attila Jun), Rusalka (incarnée par Pumeza Matshikiza) tentera de séduire Le Prince (Stephen Costello) avec l'aide de la sorcière Jezibaba (Patricia Bardon) malgré La Princesse étrangère (Rebecca von Lipinski).
Autres rencontres, autres épreuves, les Nymphes céderont le plateau aux Filles-Fleurs pour une autre production nouvelle : Parsifal de Wagner par le japonais Amon Miyamoto (l'occasion de prolonger le premier Festival Arsmondo et d'une coproduction avec le Tokyo Nikikai Opera Foundation). Marko Letonja dirigera Thomas Blondelle dans le rôle-titre, Markus Marquardt (Amfortas), Konstantin Gorny (Titurel), Ante Jerkunica (Gurnemanz) Simon Bailey (Klingsor) Christianne Stotijn (Kundry).
Le Festival Arsmondo justement, qui après le Japon et l'Argentine sera dédié à l'Inde (entamant apparemment un voyage à travers les différents continents). Ce Festival printanier sera porté par la création mondiale composée par Thierry Pécou : Until the Lions - Échos du Mahabharata (respectivement d'après un roman de Karthika Naïr et la grande épopée/le récit fondateur de l’hindouisme). Un Festival comme de coutume riche en concerts, rencontres, danses, films, expositions, débats.
Poursuivant la liste des chefs-d'œuvre en nouvelle production : Cosi fan tutte par David Hermann viendra conclure la trilogie Mozart-Da Ponte en trois saisons (après Les Noces de Figaro et Don Giovanni). Le sextuor épris au jeu de l'amour et de la tromperie sera incarné par Gemma Summerfield (Fiordiligi), Ambroisine Bré (Dorabella -ici en interview), Lauryna Bendžiūnaitė (Despina), Nick Pritchard (Ferrando), Björn Bürger (Guglielmo) et Nicolas Cavallier (habitué du rôle de Don Alfonso), sous la baguette de Jacques Lacombe.
Nouvelle production, autre blockbuster, autre partie d'une trilogie lyrique avec Le Trouvère de Verdi par Jean-Philippe Clarac & Olivier Deloeuil, sous la direction de Daniele Callegari. Sur le plateau lyrique : le Comte de Luna Scott Hendricks, Leonora Brigitta Kele, Azucena Sonia Ganassi, Manrico Stefano La Colla, Ferrando Antonio di Matteo, Ines Claire Péron et Ruiz Tristan Blanchet.
L'Opéra National du Rhin offrira deux opéras jeune public en création mondiale. Marlène Baleine, d'après un album illustré de Davide Calì et Sonja Bougaeva qui traite de la cruauté entre les enfants (le titre est un sobriquet insultant employé par les camarades d'une jeune fille). La musique sera composée par des pièces de la Renaissance interprétées par La Chapelle Rhénane, Clara Guillon (dans le rôle-titre), Eugénie Joneau (L’ami) et Jacob Scharfman (Le professeur).
L’Opéra National du Rhin a également passé commande au compositeur anglais Howard Moody (retrouvez nos comptes-rendus de Sindbad ainsi que d'Orfeo & Majnun) : son nouvel opus, Les Rêveurs de la lune, associera "des collégiens et écoliers de la Meinau, des enfants de la Maîtrise du Conservatoire et des déficients auditifs de l’Institut du Bruckhof", dans une mise en scène, décors et costumes de Sandra Pocceschi et Giacomo Strada (déjà appréciés in loco pour leur travail sur Le Garçon et le poisson magique).
L'institution propose également une impressionnante saison de récitals avec Stéphanie d’Oustrac & le pianiste Pascal Jourdan, Michael Spyres & Roger Vignoles, Patricia Petibon & Susan Manoff, Günther Groissböck & Gerold Huber, Stanislas de Barbeyrac & Alphonse Cemin. Le Festival Arsmondo sera aussi l'occasion d'entendre la chanteuse Aaruna Sairam pour un voyage à travers l’Inde accompagné d’un violoniste et de deux percussionnistes.