Julie Fuchs et Alphonse Cemin sur les chemins de la maturité en Lundi musical à l’Athénée
Alphonse Cemin,
pianiste et co-fondateur du collectif Le Balcon, a repris en mains
les destinées artistiques des Lundis Musicaux de l’Athénée il y
a quatre ans. Il fait notamment appel à des valeurs montantes des scènes
lyriques tout en ouvrant la programmation à la musique
contemporaine. Ce rendez-vous intimiste, intensément musical et
vocal, est vite (re)devenu incontournable.
La complicité amicale et artistique qui lie la soprano Julie Fuchs et le pianiste Alphonse Cemin s’avère patente et remonte à leurs années de formation au CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique) de Paris. Elle trouve sa plus tangible expression dans les concerts qu’ils donnent régulièrement ensemble ainsi qu’au sein de leurs enregistrements communs, notamment le disque consacré aux mélodies de jeunesse de Claude Debussy et Gustav Mahler, paru chez Aparté.
Ce nouveau récital au Théâtre de l’Athénée porte les fruits de leur jeune maturité et s’ouvre dans la pénombre avec l’entêtante chanson de Barbara, Une petite cantate que Julie Fuchs interprète avec justesse et naturel. Le début de la seconde partie pour sa part fera entendre la fascinante chanson de Björk sur un texte de E.E. Cummings, The Sun in my mouth (Le Soleil dans ma bouche), issu de l'album Vespertine, qui démontre les nouveaux chemins que les deux artistes cherchent par ailleurs à explorer.
Mais le programme en principal est consacré aux mélodies de Debussy, les Ariettes Oubliées sur des textes de Paul Verlaine, Regrets et Apparition (Stéphane Mallarmé), La Romance d’Ariel (Paul Bourget), puis aux Trois poèmes de Louise de Vilmorin -personnalité que Julie Fuchs évoque avec tendresse et fascination en s’adressant directement au public-, mis en musique par Francis Poulenc. Après un début un peu difficile, la voix de Julie Fuchs trouve son plein épanouissement au milieu des Ariettes Oubliées, les assises se posant et l’aigu, qui a tendance quelquefois à se durcir dans les envolées lyriques, prenant alors toute sa place. Apparition, notamment par son éclat, révèle la profonde sensibilité de la cantatrice, par ailleurs musicienne.
Avec le cycle du compositeur américain contemporain George Crumb, dénommé aussi Apparition sur des poèmes de Walt Whitman – chants élégiaques pour soprano et piano amplifié-, le duo s’embrase. Cette succession de six parties distinctes entrecoupées de vocalises, avec son atmosphère tout emplie de spiritualité et de gravité, cumule les difficultés vocales et musicales, tout en fascinant un public mis sous complète tension. Le pianiste se partage entre le clavier, le frottement et le pincement des cordes de l’instrument, de petits coups sur le bois à l'intérieur du piano. La voix se déploie en conséquence avec des écarts importants, mais toujours de façon lyrique, dans un esprit constamment opératique. Après ce moment de grâce, Cole Porter avec deux mélodies vient détendre l’atmosphère et impulser un rythme plus libéré.
Trois bis couronnent cette soirée acclamée par le public : Violon de Francis Poulenc et Louise de Vilmorin tiré du cycle Fiançailles pour rire, Nuits d’étoiles de Debussy et l’anthologique Every Time We Say Goodbye de Cole Porter. Julie Fuchs et Alphonse Cemin se produiront sur la scène de l’Opéra de Bordeaux le 27 janvier prochain, puis à l’Opéra du Rhin le 17 juin, avant que la chanteuse ne donne un récital orchestral au Château de Versailles le 3 juillet (réservations).
Ce lundi musical a été enregistré par France Musique pour une diffusion ultérieure.
Vous pouvez réserver vos places pour le Récital Julie Fuchs le 3 Juillet 2019 au Château de Versailles avec l’Orchestre national d'Île-de-France ou bien avec Alphonse Cemin au Festival d'Aix-en-Provence.