Le Stagioni : une saison d’hiver à Semur-en-Auxois
L’ensemble Le Stagioni, fondé en 2017 et dirigé par Paolo Zanzu,
donne son premier concert dans le Théâtre de Semur-en-Auxois
(Bourgogne), où il est en résidence -pour deux saisons au minimum. Airs d’oratorios, cantates,
symphonie et concertos se succèdent au fil de la soirée sans perdre
en qualité. L’ensemble propose un voyage dans le XVIIIe
siècle européen qui constitue le cœur de son répertoire, avec en
particulier deux œuvres de circonstance en cette période de fêtes
de fin d’année : le Concerto pour la Nuit de Noël
d’Arcangelo Corelli et des extraits du Messie de
Georg Friedrich Haendel.
Le concert donne l’occasion d’apprécier les capacités vocales du jeune ténor britannique Nicholas Scott, d’abord dans deux cantates de Jean-Sébastien Bach interprétées en première partie. Sa voix chaude dans « Zion hört die Wächter singen » (Sion entend chanter les veilleurs, BWV 140) vivifie les notes tenues. Dans la cantate « Komm, Jesu, komm zu deiner Kirche » (Viens, Jésus, viens dans ton église, BWV 61), après un récitatif accompagné qui met en valeur la complicité de Paolo Zanzu (clavecin) et Marco Frezzato (violoncelle), la voix généreuse du soliste se développe délicatement sur le tapis sonore de velours que produit l’orchestre.
Dans la seconde partie du concert, Nicholas Scott rejoint l’orchestre pour mettre à l’honneur le compositeur Georg Friedrich Haendel. Deux airs du Messie permettent au ténor de déployer sa palette sonore, claire ou couverte, avec une diction remarquée. Le chanteur invite dans son univers avec vigueur et persuasion, notamment pour « Ev'ry valley shall be exalted » (Chaque vallée sera élevée) où s'allient la puissance de la voix et de l’expression.
Le chanteur comme l’orchestre sont accompagnés et dirigés avec fraîcheur et bienveillance par Paolo Zanzu depuis le clavecin placé au centre de la scène. La variété du programme permet d’apprécier les interventions du chef et claveciniste, précises et délicates, aussi bien comme soliste que continuiste (la fondation de l'accompagnement instrumental). Dans le Concerto pour clavecin et cordes en ré mineur (BWV 1052) de Bach, Paolo Zanzu démontre la maîtrise de son instrument. Après l’unisson saisissant du premier mouvement, l’orchestre lui cède la première place quand, avec aisance et élégance, il interprète la partie virtuose du clavecin. Les contrastes de nuances et la variété de la couleur du son de l’orchestre permettent de valoriser les parties solistes. Les cadences finales en tutti concluent les mouvements avec délicatesse.
Les pièces choisies permettent aux auditeurs de parcourir l’Europe du XVIIIe siècle, en suivant Arcangelo Corelli et Alessandro Scarlatti en Italie, Bach en Allemagne ou encore Haendel, figure internationale, et de mettre à l’honneur un orchestre homogène et chaud. Les premières notes du Concerto grosso op. 6 n°8 en Sol mineur « Pour la nuit de Noël » d’Arcangelo Corelli, font d'emblée preuve d’équilibre et de cohésion entre les onze instrumentistes. Le premier violon, Tami Troman, exécute ses lignes mélodiques avec dynamisme et habileté. Le dialogue entre les solistes et le tutti permet d’apprécier la variété de l’écriture de Corelli, lui-même violoniste, en particulier dans les parties virtuoses.
Au terme de ce voyage musical, le public enthousiaste du Théâtre de Semur-en-Auxois reçoit pour bis trois pièces du programme, extraites des opus signés Bach et Corelli. De quoi donner envie de suivre les prochains concerts des Stagioni.