Poésie et voyage avec les 1001 lunes de la Princesse Boudour à Francheville
Pour sa 11ème édition, le Festival In Voce Veritas, qui a pour vocation de faire découvrir l’univers de la musique vocale aux habitants de l’Ouest lyonnais, invite au voyage. Pour cette première soirée, le public est immergé dans l’univers merveilleux du conte des 1001 lunes de la Princesse Boudour, extrait du recueil des Mille et une nuits.
Sur la scène de la salle Barbara, à Francheville, une lumière tamisée éclaire quelques coussins posés sur des tapis et où sont assis les trois musiciens, plongeant ainsi le public dans l’intimité d’un salon arabe, avant même le début de la soirée. Les lumières de Nathalie Perrier participent sans cesse à accompagner le conte et les chants en créant les atmosphères justes et délicates.
Avec passion et humour, le comédien Aymeric Lecerf conte les aventures de la jeune et ravissante princesse Boudour, fille du roi de Chine. Une histoire du grand amour avec son prince Qamar al Zâma, avec ses moments de joie, de désespoir, d’attente et d’inquiétudes. Ses interventions sont rythmées par des mélodies, certaines connues, d’autres inconnues, mais toutes s’inspirant du voyage, du Maghreb et de l’Orient. Ce répertoire de mélodies françaises et d’arrangements de chants mauresques ou kabyles trouve son interprète idéal en la soprano franco-algérienne Amel Brahim-Djelloul. Par sa seule présence scénique, elle incarne déjà le charme de Shéhérazade ou de la princesse, revêtue d’une robe rose légère et scintillante signée Fatima Guerrout. Dès L’invitation au voyage de Henri Duparc (1848-1933), la chaleur du timbre de la soprano, la maîtrise des couleurs et le soin porté aux phrasés captivent toute l’attention du public.
Le chant est parfaitement soutenu par le clavier léger et romantique de Nicolas Jouve. Le travail rigoureux et la connaissance du répertoire de ce duo est patente, les intentions des moindres phrases étant les mêmes, dans la conduite comme dans la couleur. Les spectateurs ont ce soir le privilège de découvrir les transcriptions fauréennes des mélancoliques chansons mauresques et kabyles par Francisco Salvador Daniel (1831-1871), comme les très poétiques airs de Georges Hües (1858-1948). Amel Brahim-Djelloul interprète ces magnifiques textes chantés avec sincérité, se délectant des mots et les communiquant par sa gestuelle et son regard, qui se vit même lorsque ses yeux sont fermés. Cet engagement permet notamment d’envoûtantes interprétations des Mélodies persanes de Camille Saint-Saëns (1835-1921), particulièrement le magnifique Splendeur Vide, ou également Le Bédouin de Félicien David.
C’est après l’ondoyante Chanson mauresque de Tunis transcrite par Salvador Daniel que se termine cette soirée hors du temps. Le public retrouve alors la réalité, loin des pays merveilleux de cette enchanteresse Shéhérazade.