Première réussie pour Music'Ly avec son Duel mozartien par Julien Behr et le Quatuor Debussy
Fruit de l’imagination d’étudiants de l’UCLy et de l’IUT GACO Arts de l’Université Jean Moulin Lyon 3, Music'Ly est apparemment rapidement devenu plus qu’un projet étudiant, le Quatuor Debussy y ayant été nommé à la direction artistique. Le quatuor à cordes lyonnais multiplie depuis 25 ans les projets pédagogiques et de médiation, notamment dans l'ancienne prison Saint-Paul, devenue maintenant un site flambant neuf de l’Université catholique de Lyon (UCLy). Pour le concert central de ce mini festival, entièrement gratuit, deux artistes lyriques se joignent aux musiciens : la mezzo-soprano Ramya Roy Kocheary, élève au CNSMD de Lyon, et un ancien élève en droit de l’UCLy reconverti dans le chant, le ténor Julien Behr. Intitulé « Duel mozartien », le concert offre une sélection des plus beaux airs de Franz Schubert (1797-1828) et de Wolfgang A. Mozart (1756-1791).
Après que le texte traduit en français ait été déclamé par un étudiant, Julien Behr ouvre la soirée avec An die Musik D 547, de son timbre en bel accord avec le violoncelle de Cédric Conchon. Il laisse ensuite place à Ramya Roy Kocheary pour Lied der Mignon D 877. Si la jeune mezzo semble encore se réfugier derrière sa partition, la douce chaleur de son timbre se veut transmettre la poésie du texte. Malgré l’acoustique un peu ingrate de cet amphithéâtre Mérieux – avant tout lieu de cours magistraux –, le Quatuor Debussy soutient l’émotion de la musique grâce à une homogénéité et un équilibre soignés à tout instant, particulièrement dans Der Tod und das Mädchen D 531 (La Jeune fille et la Mort). Loin de toute prétention, la mezzo y fait entendre de jolis graves. Après ce célèbre lied, les instrumentistes font de nouveau entendre le thème dans les variations de l’Andante con moto du Quatuor n°14 D 810 éponyme. Sous leurs archets toujours attentifs, la musique prend vie et les spectateurs sont entraînés par l’élan de leurs respirations musicales. Si la technique instrumentale n’est pas celle de concertistes, c’est justement parce qu’ils ne forment qu’une seule entité au service de la musique. L’élégant ténor, paraissant toujours à l’aise devant son public, revient sur scène pour joliment interpréter An Sylvia D 891 et Ständchen D 957, où il se fait conteur et les violons de beaux échos sur pizzicati discrets.
La deuxième partie présente des airs de Mozart, un répertoire où Julien Behr se sent particulièrement à l’aise. C’est ainsi qu’il explique le contexte de chaque extrait avec une pointe d’humour. Il débute par « Vedrommi intorno » d’Idomeneo avant que Ramya Roy Kocheary ne chante l’Alma grande avec davantage d’assurance, commençant à se détacher de ses notes. Si les chaleureux applaudissements sont mérités, sa présence aurait beaucoup gagné à ce qu’elle s’adresse directement au public, sans la barrière de sa partition. Julien Behr, en mozartien affirmé, connait ses airs par cœur. Il chantera d’ailleurs bientôt Don Ottavio dans Don Giovanni à l’Opéra de Lyon, dont il nous offre en avant-première l’air « Dalla sua pace ». Ses belles intentions retiennent l’attention de son auditoire, malgré quelques attaques et soutiens de phrases à la justesse douteuse, peut-être à cause d’une voix commençant à fatiguer. C’est justement le moment d’une pause instrumentale avec le Divertimento KV 138. Malgré un bip électronique obsédant émis d’un appareil de l’amphithéâtre lors du deuxième mouvement, le Quatuor Debussy, en musiciens professionnels, réussissent de belles couleurs harmoniques et un amusant rondo final. Les deux chanteurs se réunissent ensuite pour le duo d’Annio et Servilia, de La Clémence de Titus, dans lequel ils seront tous deux bien plus à l’aise et donc convaincants en bis : le phrasé y aura gagné en fluidité, voire en naturel, et leurs timbres en homogénéité. Ramya Roy Kocheary se montre lumineuse dans le célèbre « Voi che sapete » des Noces de Figaro, faisant montre d'une fraîcheur bienvenue pour un air si connu et entendu. Pour terminer cette belle soirée, Julien Behr incarne un fier Tamino avec « Wie stark ist nicht dein Zauberton » de La Flûte enchantée, dans une superbe interprétation qui ne laisse aucun doute sur sa connaissance parfaite du rôle.
Le public ravi de la qualité de la soirée profite du moment convivial offert à la sortie pour rencontrer les artistes, leur faisant part de leur souhait de reconduire cette belle expérience dans une prochaine « première édition » du Festival Music'Ly.