De derrière le rideau : Bonnes fêtes à tous !
Non, c’est vrai ? Ce sont déjà les fêtes de fin d’année ? On ne les a pas entendues arriver cette année ! Il est vrai que le climat ne s’y prêtait guère même si on l’avait mis à contribution. La COP 21 n’a pu échapper à personne et elle a parfaitement rempli sa mission : chasser au plus loin la dépression apparue brutalement le 13 novembre dernier. Nous souhaitions tous réchauffer le climat alors que 195 chefs d’États et de gouvernements étaient à Paris au même moment pour tenter de le refroidir ! Avouez qu’il est des situations on ne peut plus cocasses.
D’un côté, nos gouvernants essaient de sauver notre planète en faisant baisser la température d’à peine deux petits degrés à un horizon de plusieurs dizaines d’années et de l’autre, pour sauver l’ambiance, une population alertée par un affichage massif dans les rues nous interpelait d’un direct : « ta place est dans la salle » ! Là, c’est de faire monter le mercure dont il s’agit, et tout de suite ! On nous explique lors de nos traditionnelles campagnes et soirées électorales, et on a été gâtés cette année, que nos politiques sont trop éloignés du peuple et de ses désirs. S’il en fallait une preuve, elle est là ! On a bien sûr tort et raison des deux côtés ! Comme souvent. Mais là, le calendrier ne nous aide pas. Pour Noël, nous coupons des millions de sapins de par le monde qui n’ont d’autre issue que de se faire enguirlander, et pour le Nouvel An, nous nous embrassons sous le gui, préalablement coupé lui aussi, comme il se doit, avec l’espoir que nos vœux les plus chers vont se réaliser. Pas simple d’être cohérent !
L’opéra, quant à lui, a tenté de réconcilier les deux parties. D’un côté, une Damnation de Faust obligeait Hector Berlioz à accompagner son personnage-titre jusqu’à une autre planète pour tenter de sauver la nôtre. Les passagers, volontaires ou non, n’étaient munis que d’un aller simple pour Mars, la planète de glace. Jonas Kaufmann a montré la voie. La voix ? Il était irrésistible et nous n’avons d’ailleurs pas résisté. Dans le même temps, à quelques encablures de là, la belle et grande Norma, coupait le gui sacré, tradition gauloise s’il en est, au rythme de la si belle musique de Vincenzo Bellini. L’immense Maria Agresta, à la voix époustouflante et chaude, nous entraînait alors vers un abîme enflammé dont elle ne reviendra pas, brûlant ainsi la politesse à tous les acteurs de la COP 21. Nous l’avons acclamée, preuve là encore de notre incohérence. Mais quel bonheur dans les deux cas ! De Mars au bûcher, le vide était abyssal. Merci Hector et Vicenzo de l’avoir si magnifiquement comblé ! Si la Jeanne d'Arc de Verdi, qui initiait il y a peu la saison de la Scala de Milan, échappe au bûcher, contrairement à Norma, à la faveur d'une révision de l'histoire par le compositeur qui la fit mourir au combat, il nous revient de faire en sorte que le réchauffement des cœurs devienne une réalité. Que les Fêtes commencent !
Retrouvez la précédente chronique de Philippe Marigny : C'était au temps où Bruxelles bruxellait...