2021-2022 à l'Opéra de Vichy, une saison de sommets
Après une saison (et même deux) largement perturbées par le contexte sanitaire, les équipes de Vichy Culture menées par Martin Kubich veulent s’avancer avec confiance vers cette nouvelle page qui s’ouvre. Parce qu’il faut redonner toute sa place au rêve, la saison vichyssoise qui débutera à la fin du mois propose même de “Décrocher la lune”. Et pour ce faire, il faut évidemment voir haut, et cela tombe bien : nombreux sont les sommets qui émailleront ce nouveau millésime.
Un sommet de vérisme d’abord, avec le diptyque Cavalleria Rusticana / Pagliacci programmé début novembre (il était initialement prévu en avril 2020 mais avait été reporté). Un spectacle tout droit venu du Clermont Auvergne Opéra et dans lequel se produiront des artistes qui avaient précisément obtenu leurs rôles lors de l’édition 2019 du Concours international de chant de Clermont-Ferrand (notre compte-rendu). Parmi ces lauréats, dans l’œuvre de Mascagni, la soprano Chrystelle di Marco devrait être une Santuzza pleine de relief vocal, Ania Wozniak sera Lola, et le baryton sud-coréen Dongyong Noh endossera les habits d’Alfio. Les autres rôles seront confiés à des chanteurs non issus du palmarès clermontois : le ténor ukrainien Denys Pivnitskyi sera Turridu, et la mezzo polonaise Gosha Kowalinska jouera Lucia. Le casting de Pagliacci sera formé par Solen Mainguené en Nedda, Jean Miannay en Beppe, et à nouveau Dongyong Noh, en Tonio, trois artistes eux aussi engagés après le concours clermontois. Là encore, Denys Pivnitskyi complètera le casting en Canio, le rôle de Silvio ayant finalement été confié au baryton Jiwon Song (qui avait lui aussi pris part à l’épreuve auvergnate, sans se voir attribuer de rôle sur le moment). La mise en scène de ce Cav/Pag sera assurée par Éric Perez (elle avait été vue à Avignon juste avant le premier confinement).
La saison lyrique vichyssoise restera ensuite sur des sommets, mais de bel canto cette fois-ci. La Somnambule qui sera proposée en janvier verra également se produire des artistes issus du dernier concours de chant de Clermont-Ferrand, qui s’est tenu début juillet (les éliminatoires ayant justement eu lieu dans la ville thermale). Une jeunesse talentueuse sera également aux commandes : rayonnantes lors du concours, à tel point que le jury eut bien du mal à les départager, les sopranos Julia Muzychenko et Francesca Pia Vitale seront les têtes d’affiche de cette production, la première dans le rôle-titre d’Amina, la seconde en Lisa. La mezzo Olga Syniakova, au talent tout aussi affirmé, endossera le rôle de Teresa. Eux aussi récompensés par un jury clermontois séduit par la puissance de leurs timbres, Clarke Ruth et Alexey Birkus (dans les rôles de basses Alessio et Rodolfo) seront aussi de la partie. Le ténor Marco Ciaponi sera Elvino. L’Orchestre national d'Auvergne sera placé sous la direction de la cheffe italienne Beatrice Venezi.

L’Opéra de Vichy accueillera par ailleurs un sommet d’opéra-féerie, Le Voyage dans la Lune d’Offenbach dans la mise en scène d’Olivier Fredj co-produite par 16 maisons lyriques françaises (notre dossier). Sous la baguette de Pierre Dumoussaud, l’Orchestre de l'Opéra de Limoges accompagnera un casting de choix : Sheva Tehova (Fantasia), Jennifer Michel (Flamma), Marie Lenormand (Popotte), Violette Polchi (Caprice), Matthieu Lécroart (V’lan), Thibaut Desplantes (Cosmos), Kaëlig Boché (Quipasseparla), Eric Vignau (Microscope), et Pierre-Antoine Chaumien (Cactus). Des danseurs-acrobates seront aussi présents sur scène.

En décembre, un sommet de musique religieuse, La Création de Haydn, sera l’occasion d’entendre la soprano sud-coréenne Sunhae Im, le ténor allemand Werner Güra, et le baryton-basse autrichien Florian Boesch.
Un hommage marquant pour débuter
D’autres rendez-vous seront placés sur les mêmes hauteurs lyriques. Tel le Hänsel et Gretel qui sera proposé en novembre dans le cadre du festival jeune public “Tintamarre”. Dans un spectacle mis en scène par Denis Mignien, Amélie Grillon et Alexandra Hewson interprèteront les rôles-titres. La soprano américaine Jazmin Black-Grollemund sera la Mère, le rôle du Père revenant au bien nommé baryton Guillaume Paire (dont le spectacle Le Blues du Perroquet a été remarqué, comme récemment à Saint-Étienne). La saison vichyssoise sera par ailleurs marquée par deux concerts lyriques proposés par l’Orchestre d’harmonie de Vichy. Fort de sa belle réputation nationale et européenne (il se produit un peu partout dans l’hexagone et jusqu’en Allemagne), l’orchestre accompagnera en décembre la pétillante soprano vichyssoise Fleur Mino dans un programme de comédies musicales (airs de Gershwin, Bernstein, Rodgers). En avril, la soprano espagnole Ainhoa Zuazua Rubira montera à son tour sur scène avec cette harmonie pour servir un programme de gala (airs de Bellini, Bizet, Puccini, Mascagni).

Les artistes du Calms (Collectif des artistes lyriques et musiciens pour la solidarité, fondé par le baryton Mikhael Piccone) se produiront à l’occasion de l’un de ces concerts solidaires qui tournent à travers la France depuis plusieurs mois désormais.
À noter enfin que cette saison débutera fin septembre par un spectacle qui devrait culminer haut en matière d’émotion(s), puisqu’il s’agira là de rendre hommage à Diane Polya-Zeitline, qui fut durant 27 ans (de 1990 à 2017) la Directrice de l’Opéra de Vichy avant de faire valoir ses (plus que légitimes) droits à la retraite. De nombreux artistes lyriques participeront à l’hommage rendu à cette grande passionnée d’opéra, parmi lesquels Philippe Do, Florian Laconi, Marie-Ange Todorovitch, ou encore le truculent baryton-basse Jean-François Vinciguerra.
