Un concert lyrique exceptionnel à l'Opéra de Paris pour la Fête de la musique
L'Opéra Bastille accueillait ce mardi 21 juin Sondra Radvanovsky, Anita Rachvelischvili et Aleksandrs Antonenko pour un récital gratuit (mais complet depuis de longues semaines !). L'occasion pour un public en grande partie néophyte de découvrir l'art lyrique. Le programme, très classique, comprenait notamment L'amour est un oiseau rebelle, extrait de Carmen de Bizet, Vissi d'arte tiré de Tosca de Puccini, ou encore Brindisi, extrait de La Traviata de Verdi. Après une interprétation de l'ouverture de La Force du Destin (Verdi) maîtrisée par le très expressif chef d'orchestre Philippe Jordan (Directeur musical de l'institution), les solistes se succèdent devant un public conquis. C'est la soprano Sondra Radvanovsky qui ouvre le bal, avec une exécution pleine de sensibilité de Vissi d'arte. Sans être transcendante, elle poursuit sa soirée avec deux autres interprétations de bonne facture : le O patria mia qui lui vaut actuellement un triomphe dans la mise en scène d'Olivier Py d'Aida in loco qu'elle conclut d'un magnifique contre-ut, et le célébrissime Casta diva extrait de Norma (Bellini).
Sondra Radvanovsky a convaincu le public de Bastille © Pavel Antonov
Le ténor Aleksandrs Antonenko, malgré quelques problèmes de justesse, a lui aussi fait vibrer la salle grâce à sa voix puissante. Les plus belles performances de cette soirée sont cependant à mettre au crédit d'Anita Rachvelischvili (lire son interview à Ôlyrix), dont les aigus clairs et les graves profonds s'allient à une très grande sensibilité, faisant parcourir des frissons dans les travées de l'Opéra Bastille. Son interprétation de l'air de Samson et Dalila (Saint-Saëns) Mon cœur s'ouvre à ta voix fut notamment exceptionnelle, grâce à son timbre riche et ses nuances tout en finesse. Le public ne s'y est pas trompé en lui réservant un triomphe, impatient de la retrouver dans ce même rôle l’année prochaine à l'Opéra de Paris, pour ce qui s'annonce déjà comme l'un des événements de la saison.
Aleksandrs Antonenko a fait vibrer la salle © Guergana Damianova
Le concert s'achève par une exécution très détendue de Brindisi : c'est une coupe de champagne à la main que les solistes entonnent le célèbre toast tiré de La Traviata. Philippe Jordan, joueur, videra même sa coupe d'un trait, dirigeant l'orchestre d'une main et provoquant de nombreux rires dans le public. Même imparfaite, cette initiative aura rempli sa mission : faire franchir pour la première fois à un public peu habitué à l'opéra les portes de Bastille. Vu l'enthousiasme de la salle, debout lors des saluts, gageons que des passions seront nées durant cette soirée et que plus d'un nouvel amateur reviendra admirer les spectacles des prochaines saisons.