L'Éléphant Paname annonce sa fermeture définitive
"AU REVOIR
Éléphant Paname ferme ses portes.
Voilà c’est dit. C’est écrit. Passons le sentiment amer. Passons le besoin d’explications, car aucune ne saurait satisfaire notre désarroi. Passons directement à la joie, ensemble."
Tel est le message, en forme d'auto-élégie funéraire, qui accueille l'internaute allant désormais sur le site web de l'Éléphant Paname. Ce lieu culturel unique en son genre aurait en effet de quoi être amer (et avec lui tous les artistes, professeurs ou élèves qu'il accueillait ont de quoi être inquiets, car comme dit le proverbe "Quand l'Éléphant trébuche, les fourmis en pâtissent"). Déjà très ébranlée par le premier confinement, l'institution dont l'évènementiel (qui n'a toujours pas pu reprendre ses activités) et la pédagogie étaient les activités principales, n'aura donc pas survécu à la deuxième lame en notre pays qui ne reconnaît pas ses actions culturelles comme des biens essentiels et qui avait pourtant promis qu'aucun commerce ne fermerait ses portes à cause de la crise. Seuls ceux qui ont une mémoire d'éléphant se souviendront de cette promesse, mais nul n'oubliera cet Éléphant Paname parmi celles et ceux qui ont franchi les grandes portes l'abritant : un Hôtel particulier style "Belle Époque" (quelle triste ironie !), 10 Rue Volney dans le 2ème arrondissement de Paris. Un lieu, propriété des fondateurs de l'institution, Fanny et Laurent Fiat, qui était historiquement devenu une banque, puis un Centre d'Art il y a huit années de cela : reste à espérer qu'il ne parcourra pas ce chemin en sens inverse.
L'Éléphant Paname sonne son éloge funèbre aussi tristement bien qu'il se décrit lui-même encore en page d'accueil, en une longue phrase, formule magique combinant les mots-disciplines comme le lieu mariait les arts : Éléphant Paname "Centre d’Art et de Danse en plein Cœur de Paris, Contemporain, Indépendant, Privé, Pluridisciplinaire, Spectacle/Concert, Privatisation, Exposition, Café, Conférence".
Même au moment de se rendre au cimetière des Éléphants, en espérant qu'il ne sera pas suivi par d'autres lieux culturels, cet Éléphant Paname envoie donc encore et toujours comme message premier un appel à la joie : "La joie de nous souvenir de huit belles années dans le Centre d’art et de danse le plus audacieux de la capitale. La joie des rencontres passées, des moments vécus. La joie d’avoir vu les cœurs s’ouvrir, les corps transpirer, les esprits s’affûter. La joie d’avoir fait votre connaissance aussi car il fallait être plusieurs pour faire rayonner ce projet fou. Du fond du cœur, MERCI."
Pour Ôlyrix et les mélomanes, L'Éléphant Paname et son dôme étoilé restent l'inoubliable berceaux des "Instants Lyriques" dont nous rendons compte de chaque rendez-vous, encore au début de ce mois pour un tristement prophétique récital dédié à la Nuit, sans public et en streaming.
Toutefois, L'Instant Lyrique annonce avoir "fait le nécessaire pour que les programmes de la saison 20/21 et des futures, puissent être maintenus en d'autres endroits. Nous vous annoncerons, très rapidement, comment et où, vous allez pouvoir vivre nos, vos, prochains INSTANTS LYRIQUES." Ôlyrix sera bien entendu au rendez-vous.