Festival de Salzbourg : édition 2020 repensée pour centenaire particulier
À l’occasion de son 100ème anniversaire, le Festival de Salzbourg devait accueillir une programmation d’exception que nous avions détaillée dans un précédent article. Néanmoins, les mesures sanitaires prises par le gouvernement autrichien ont placé un point d’interrogation sur le maintien de l’événement en ce qu’elles prévoyaient un déconfinement progressif, par paliers, menaçant les plus grands festivals jusqu’au 31 août. Dans ce cadre, le maintien de l’édition 2020 du Festival de Salzbourg revêt un aspect symbolique : pour ses organisateurs, il ne s’agit pas seulement de célébrer le siècle écoulé mais bien de mettre en exergue les aspects fédérateurs de la culture dans un contexte de sortie de crise. Créé en 1920 par Max Reinhardt, l’objectif du festival était de réconcilier les populations affectées par la crise économique d’après-guerre en faisant de l’art le pilier de reconstruction de l’Europe dévastée. Un siècle plus tard, ce postulat a toujours du sens.
Markus Hinterhaüser, le Directeur artistique, annonce ainsi que l’expérience festivalière sera cette année quelque peu différente : moins d’événements, moins de tickets disponibles, un respect scrupuleux des règles sanitaires, certes, mais sans compromettre l’excellence de la programmation.
Le Festival d’été débutera avec Elektra de Richard Strauss, un des trois fondateurs du Festival de Salzbourg en 1920, sous la direction de Franz Welser-Möst -ancien Directeur artistique de l’Opéra de Vienne- avec Krzysztof Warlikowski à la mise en scène, habitué des grandes maisons d’opéra (qui fera ses débuts au Théâtre des Champs-Élysées courant octobre : réservations). Après ses débuts en Salomé à l’Opéra de Vienne, Aušrinė Stundytė (très remarquée pour sa Lady Macbeth de Mzensk à Paris déjà mise en scène par Warlikowski) campera le rôle-titre à l’occasion de sa première apparition au Festival de Salzbourg. Asmik Grigorian incarnera la sœur de l’héroïne Chrysotemis, et Derek Welton son frère Oreste, tandis que Tanja Ariane Baumgartner sera Clytemnestre.
Le deuxième opéra sera Così fan tutte de Mozart, avec une nouvelle mise en scène de Christof Loy et après une période de répétition fortement raccourcie. Joana Mallwitz sera la première femme à diriger un opéra lors du Festival de Salzbourg. À l’affiche, le public retrouvera entre autre Elsa Dreisig, présente dans la programmation de l’Opéra de Barcelone, Marianne Crebassa (réservations pour son Fantasio à l’Opéra Comique de Paris) et Lea Desandre (attendue à Cannes pour la 4ème édition de Musical Guest, et à l’affiche de l’Opéra Comique dans Hippolyte et Aricie).
Parallèlement à la programmation opératique, de grands noms donneront des récitals. Cecilia Bartoli, Directrice artistique du Festival de Pentecôte qui avait prévu de rendre hommage à la pianiste Pauline Viardot au cours de l’édition malheureusement annulée, déploiera le répertoire de Haendel avec Les Musiciens du Prince-Monaco
Sonya Yoncheva se produira en compagnie de l’ensemble Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón (avec lesquels elle vient d’enregistrer un album) : Antonio Caldara, Claudio Monteverdi, Henry Purcell sont au programme. Le duo Anna Netrebko - Yusif Eyvazov· interprétera des extraits choisis des œuvres de Tchaïkovski avec le Mozarteumorchester de Salzbourg. Le ténor Juan Diego Flórez se produira également accompagné par Vicenzo Scalera avec un florilège de Beethoven, Mendelssohn, Strauss Bellini, Verdi, Puccini et Massenet. Benjamin Bernheim donnera à entendre Les Nuits d’été de Berlioz. Matthias Goerne (à l’affiche du Théâtre des Champs-Élysées) rendra hommage à Beethoven à l’occasion de son 250ème anniversaire.
Enfin, le chant lyrique résonnera également au cours des Matinées Mozart sous la direction d'Ivor Bolton et Gianluca Capuano. Elles donneront à voir des artistes tels que Rosa Feola (soprano), Katharina Magiera (contralto), Sebastian Kohlhepp (ténor), Peter Kellner (basse), et Julia Lezhneva (soprano).