Le Directeur de l'Opéra de Paris démissionne
"L’Opéra de Paris est à genoux", tel est le titre de l'article reprenant la parole du Directeur sur le départ. Stéphane Lissner n'avait pas obtenu de renouvellement ni de prolongement de son mandat débuté en 2014, il y met fin de lui-même avant son terme prévu le 1er août 2021. "Les choses auraient été différentes si mon mandat avait été prolongé comme je le souhaitais", déclare aujourd'hui M. Lissner alors que dans un courrier interne il affirmait n'avoir pas été candidat à ce type de prolongations. Stéphane Lissner souhaitait en fait prolonger pour trois années, il affirme que le Ministère l'a "ballotté en soufflant le chaud et le froid (Françoise Nyssen m'a dit deux fois oui, deux fois non)."
Le Directeur général de Bastille et Garnier s'était pourtant engagé, même après ces péripéties -en réponse à la question que lui avions adressée- en octobre dernier lorsqu'il avait été nommé à l'Opéra de Naples, à finir (tout d'abord) son mandat à l'Opéra de Paris. Cependant, comme nous l'expliquions déjà la semaine dernière, M. Lissner (qui n'aura donc jamais accepté de nous répondre) confie depuis des semaines à la presse italienne combien Naples lui manque, il signe même les documents officiels du Théâtre San Carlo en tant qu'Il Sovrintendente, il consacre des journées entières aux visioconférences avec les personnels et à la web-tv du théâtre lyrique italien et il s'est rendu à Naples avant même la réouverture des frontières et l'abandon de la limitation des déplacements en France à 100 km pour annoncer les grands événements de reprise dès cet été dans sa nouvelle ville d'adoption.
Face à ce que Stéphane Lissner nomme dans l'article du Monde "l'urgence de la situation économique" (conséquences des déficits creusés par les grèves et le Covid, dépassant les 45 millions) et à "un impact social important", Stéphane Lissner cède la place à son successeur Alexander Neef (qui n'a pourtant, officiellement à l'heure actuelle, que le statut de Directeur préfigurateur et doit assumer la fin de son mandat à Toronto -la maison lyrique attend sur ce point des précisions et réponses du Ministère de la Culture) et le Directeur Général adjoint Martin Ajdari (nommé récemment en vue précisément de travailler avec Alexander Neef).
"Ce n'est pas à moi, qui ne serai plus dans les murs, de supprimer des productions" répond également Stéphane Lissner à notre consoeur Marie-Aude Roux. Avant de partir (et il semble légitime de se demander, puisqu'il semble important à M. Lissner de céder la main et puisqu'il est concentré sur Naples, pourquoi il ne part part au même moment qu'il en fait l'annonce). Une heure après la parution de cette interview, les services de presse de l'Opéra de Paris nous informent que la proposition d'effectuer des travaux dans le bâtiment vient d'être approuvée ce même jour en Conseil d'Administration ! Ces travaux initialement prévus à l'intersaison 2021 auront lieu dès juillet 2020. Il doivent se dérouler à Bastille jusqu'au 15 novembre et à Garnier jusqu'à fin décembre. Bastille aura ensuite trois spectacles en alternance : le ballet La Bayadère, les opéras La Traviata par Simon Stone et Carmen par Calixto Bieito. Garnier même en travaux donnera deux à trois concerts par semaine, en version orchestre de chambre devant le rideau de fer.
La Tétralogie de Bieto n'aura pas lieu, explique-t-il, à moins qu'un successeur ne décide de la reprogrammer d'ici quelques années.
"La maison est abîmée" conclut Stéphane Lissner, par le "chantage au lever de rideau" de certains syndicats braqués, complétant la liste des déboires qu'il explique avoir essuyés après les conséquences des gilets jaunes, des manifestations contre la Loi Travail, ou encore des attentats.