Frédéric Roels : « J'ai souhaité ouvrir le plus de portes possibles »
Frédéric Roels, quelle est la philosophie qui a guidé votre travail dans la programmation de cette saison 2017/2018 de l’Opéra de Rouen ?
J'essaie chaque année de me laisser saisir par une idée en lien avec ce que je ressens du monde. Parfois, des titres me viennent en tête et je construis une sorte d'idée forte autour d'eux. Pour cette nouvelle saison, j'ai choisi le thème des métamorphoses parce que je sens que nous sommes dans un monde en train de basculer, sur le plan social et politique notamment. Ces métamorphoses du monde nous ramènent à des métamorphoses très anciennes. J'avais envie de mettre en parallèle deux opéras qui traitent à peu près du même sujet mais d'une manière différente : Norma et Médée. Dans ces deux œuvres, il y a deux personnages féminins forts qui ont beaucoup à affronter. Ce sont des magiciennes qui appartiennent l'une et l'autre à un monde plutôt matriarcal où le lien avec la divinité et la nature est très fort. Ces deux femmes vont, par amour, basculer dans un monde qui est davantage tourné vers le masculin et le guerrier. C'est une forme de civilisation telle qu'on la connaît aujourd’hui, une civilisation basée sur l'ordre et la rationalité. Cette transition se fait dans la déchirure, avec des histoires d'amour absolument tragiques. L'une des deux va jusqu'à sacrifier ses enfants (Médée), l'autre y pense mais ne le fait pas : c'est la différence entre Norma et Médée. Chez Médée, il y a un passage à l'acte, et chez Norma il y a une sorte de sublimation puisqu'elle préfère s'offrir elle-même en sacrifice plutôt que de renoncer à son avenir.
Dans ces deux histoires, un monde s'éteint et un autre émerge. Il me semble qu'à notre époque, nous vivons quelque chose d'un peu similaire. Un modèle de société est en train de disparaître, tandis qu'un autre est en train d'émerger, dont on ne connaît pas encore les tenants et les aboutissants. Comme toute naissance, cela se fait de manière intuitive et pas très définie. Cela engendre des peurs que ne manquent pas d'attiser certains politiciens ou politiciennes. La charnière de la saison prochaine est vraiment là.
Frédéric Roels (© David Morganti)
Quels sont les équilibres que vous avez cherché à trouver entre les différentes œuvres ?
J'ai d’abord essayé de créer un équilibre entre différentes époques. Il y a plusieurs ouvrages du XIXe siècle, mais aussi une Passion de Bach mise en espace, qui est donc plus ancienne. Nous avons également un petit ouvrage contemporain L’Ébloui qui est une création de la compagnie Ars Nova avec Le Carrosse d’or. J'essaie aussi de créer un équilibre entre les ouvrages tragiques et d'autres plus légers, comme Fantasio par exemple, ou Le Barbier de Séville, qui est notre opéra participatif.
Deux productions (Norma et Le Barbier de Séville) ont des doubles distributions : pourquoi ?
Norma est une coproduction avec l'Opéra de Mascate, dans le Sultanat d'Oman. La production s'y déplacera. L'organisation de voyages est souvent compliquée et il n'est pas rare de rencontrer des problèmes de visas ou de santé. Nous voulions donc nous prémunir de tout problème sur place. C'est pour cela qu'il y a deux distributions, avec des réserves pour les rôles principaux. En ce qui concerne Le Barbier de Séville, il s'agit d'un projet organisé en partenariat avec le CFPL (Centre Français de Promotion Lyrique) et le TCE, ainsi que de nombreuses autres maisons d'opéra. C'est un projet formidable parce que cela fait huit ans que nous organisons des opéras participatifs à Rouen. Pour la première fois, suite au succès rencontré lors des précédents projets et à un colloque sur le sujet qui a rassemblé pas mal de différentes maisons d'opéra, il y a une sorte d’engouement autour de cette idée. Nous avons réussi à monter ce projet avec le TCE, et il implique un grand nombre de maisons d'opéra en France. Sur toute la tournée, il y aura entre 30 et 40 dates, ce qui nécessite une seconde équipe de chanteurs.
Opéra de Rouen Haute-Normandie (© Thomas Boivin)
À quoi est dû votre attachement à l'opéra participatif ?
Cela vient de l'expérience et du souhait de mélanger des générations. Il faut faire vivre une expérience d'opéra aux enfants dès le plus jeune âge, mais pas dans une programmation ghetto simplement estampillée « jeune public ». Par ailleurs, je crois beaucoup aux expériences collectives parents-enfants. Dans ce domaine-là, je n'ai rien inventé. J'ai assisté à un spectacle de ce type en Italie, il y a de ça treize ou quatorze années. J’ai ressenti une émotion énorme quand j'ai vu ce spectacle, j'étais vraiment bouleversé. J'ai donc importé ce concept à Liège quand j’y étais dramaturge, et je l'ai repris à Rouen lorsque je suis arrivé. Cela fonctionne puisque d'année en année, nous devons ajouter de plus en plus de représentations, la limite budgétaire nous empêchant d'en faire plus. La première année, il s’agissait de La Flûte enchantée, nous avions fait quatre représentations scolaires et deux tout public. Aujourd'hui, nous programmons huit scolaires et trois tout public. Nous touchons plus de 10.000 spectateurs avec cette expérience.
En quoi consistera le côté participatif sur cet opéra ?
Le Barbier de Séville sera réduit à une durée d'1h15, en version française, et certains passages seront chantés par le public. Il s'agira principalement des chœurs du barbier qui sont adaptés pour être chantés par le public ou de certaines interventions qui sont écrites spécialement. C'est Gilles Rico, qui avait mis en scène Tistou les pouces verts cette saison, qui s'est occupé de faire cette adaptation. La mise en scène a fait l'objet d'un concours. Nous avons fait un appel à projet pour des metteurs en scène sans expérience significative à l'opéra. Nous avons reçu une quarantaine de projets et nous avons collectivement choisi celui de Damien Robert. Il est à la fois ludique et assez fin : il recrée une sorte de ville miniature en silhouette de carton. Il y a beaucoup de références et de légèreté dans son projet. Il s'agit d'un théâtre plutôt proche du dessin animé, de choses qui vont toucher assez largement le public.
L'autre opéra qui visera le jeune public sera L’Ébloui de Michel Mussot, pouvez-vous nous décrire l’œuvre ?
C'est un beau conte : l'histoire de quelqu'un qui perd la vue et qui cherche la lumière. C'est une fable initiatique avec une vision cauchemardesque, mais aussi en rapport avec l'intimité et l'expérience que chacun peut vivre à l'adolescence. C'est un projet très léger, associant trois chanteurs, qui manipulent en même temps des marionnettes, et quelques musiciens sur scène. La scénographie est très sobre et très évocatrice en même temps, avec un grand U en bois qui est une sorte de portique inversé et de microcosme. Derrière, il y aura des toiles sur lesquelles vont venir des projections de lumière. C'est un théâtre très poétique et léger. J'ai été très séduit par le projet scénique. Nous avions déjà fait La maison qui chante, avec la compagnie Le Carrosse d'or il y a quelques années. C'était déjà un très beau travail avec des marionnettes. Ces gens travaillent avec des moyens simples mais ils ont une vraie profondeur dans la manière d'aborder des choses. Nous coproduisons cette production et nous en réalisons le décor.
Vincenzo Bellini
Vous signerez à la rentrée la mise en scène de Norma : pourquoi avoir choisi cette œuvre ?
Je suis fasciné depuis longtemps par Bellini. Beaucoup plus que par Donizetti ou Rossini que j'aime écouter mais qui m'intéressent moins en tant que metteur en scène. Il existe chez Bellini un lien dialectique très fort entre le texte et la musique. Le travail que Bellini a fait sur la plupart de ses opéras avec son librettiste Felice Romani est assez formidable. Il y a chez eux une manière de rentrer dans l'intimité des personnages, d'aller creuser la nature de ce que les gens ont dans le ventre. C'est quelque chose qui m'a toujours beaucoup ému mais qui n'est pas sans problème pour la mise en scène parce qu'il y a de longs moments où il n'y a pas véritablement d'action. C'est l'examen et la dilatation d'un instant de vie. Ce n'est pas toujours simple à résoudre en mise en scène. J'avais depuis longtemps envie d'aborder le répertoire bellinien : je commence par Norma, qui est l'ouvrage le plus connu. C'est une œuvre de référence, tellement forte qu’il est bon de s'y atteler.
Pouvez-vous nous parler de votre mise en scène ?
Je n'ai pas souhaité situer l’œuvre à une époque précise. Je parlais tout à l'heure de la bascule d'un monde matriarcal à un monde patriarcal : c'est une donnée sur laquelle nous avons beaucoup travaillé avec mon équipe. Nous sommes dans un monde un peu tribal et le monde représenté par les romains Pollione et Flavio représente quelque chose d'autre, peut-être une sorte de rêve d'une autre civilisation à laquelle on aspire et vers laquelle on va aller. Nous avons beaucoup travaillé sur l'idée que les personnages vivaient dans un monde souterrain, un peu comme les chrétiens à Rome qui se cachaient dans les catacombes pour célébrer leur culte. Nous sommes dans cet univers qui est entièrement enterré, dans lequel il y a une sorte de grande lucarne qui donne sur le ciel, et qui est représenté par un écran sur lequel des vidéos seront projetées. Il s'agira de choses naturelles (une forêt, le ciel, la lune), mais aussi d'éléments liés aux personnages eux-mêmes, à ce qu'ils vivent, comme déchirures et comme tourments. Pour cela, nous nous appuierons sur de la danse : trois danseurs interviendront pendant le spectacle, comme les trois personnages principaux. Ils sont comme des émanations de ce que les personnages peuvent ressentir. Ils peuvent explorer par le corps les différents sentiments, les différentes passions et tensions. Ce sont des figures métaphoriques et spirituelles des personnages.
À quels chanteurs confiez-vous cette production ?
J'ai fait le pari un peu compliqué mais juste sur le plan dramaturgique et musical, de faire ce que Bellini voulait initialement en écrivant sa partition, et qui a peu été fait : confier le rôle de Norma à une mezzo-soprano et le rôle d'Adalgisa à une soprano. Même si cela pose des difficultés de lignes vocales, cela affirme la différence de génération entre les personnages : Norma est une femme plus mûre, qui a tout le poids de son expérience ancré dans la voix, alors qu'Adalgisa est plus jeune et plus innocente. Je l'ai vu joué dans cette configuration avec Cecilia Bartoli au TCE. Le rapport des deux voix fonctionnait très bien comme ça. J'ai lu beaucoup de choses aussi sur le sujet : de nombreux musicologues défendent cette idée. C’est là faire acte de purisme, même si je ne suis pas quelqu'un qui défend les intentions originelles contre vents et marées. Dans ce cas-là, cela méritait d'être tenté.
Ruxandra Donose (© Nicolae Alexa)
Il faut évidemment une mezzo disposant de beaucoup d'aigus ce qui n'est pas simple à trouver. J'ai demandé à Ruxandra Donose d’interpréter le rôle de Norma en première distribution, et Diana Axentii en seconde. J'avais entendu Ruxandra plusieurs fois dans du belcanto, notamment dans Les Capulet et les Montaigu à Liège : elle m'avait bouleversé. Elle chantait Roméo et était vraiment formidable. J'étais très content qu'elle accepte de chanter ce rôle qui sera forcément une prise de rôle puisqu'il n'y a pas beaucoup de mezzos qui l'ont au répertoire. Quant à Diana Axentii, c'est une jeune mezzo qui évolue vers un répertoire de soprano. Elle est à la frontière entre les deux et je crois que c'est le bon moment pour elle d'aborder ce rôle-là. Elle a aussi une voix de type slave, assez ronde, avec beaucoup de profondeur et d'épaisseur. C'est une artiste très souple : ce sera un beau challenge pour elle également.
Comme il s'agit d'une coproduction avec l'Opéra de Mascate, son Directeur m'a suggéré de faire appel à Mirjam Tola dans le rôle d'Adalgisa et je lui fais confiance. Elle partagera le rôle avec Ludivine Gombert. Cette jeune soprano a une vraie longueur de voix, et beaucoup d'avenir devant elle.
Comment les projets de Fantasio et de L'Enlèvement au Sérail ont-ils émergé ?
Fantasio est une proposition de l'Opéra-Comique. Nous collaborons régulièrement ensemble. J'avais discuté avec Olivier Mantei des choses que nous pourrions faire ensemble, et il m'avait proposé cette production de Fantasio, qui m'a attiré tout de suite pour plusieurs raisons. D'abord, parce que je suis un grand amateur d'Offenbach. C'est un répertoire qu'il ne faut pas cesser d'explorer. Or, Fantasio est un ouvrage qui n'est pas souvent joué. C'est une œuvre vraiment forte, drôle et enlevée. Ensuite, la mise en scène a été confiée à Thomas Jolly. Avec sa compagnie La Piccola Familia, il a fait deux grands spectacles de Shakespeare, Henri VI qui durait 18h, et Richard III plus récemment. Il est originaire de Rouen, il y vit ainsi que sa compagnie. Donc travailler avec lui était pour moi comme une évidence. Les décors ont d’ailleurs été faits à Rouen. À l’époque, il devait s’agir de sa première mise en scène d’opéra, mais l’Opéra de Paris a programmé par la suite son Eliogabalo.
Thomas Jolly (© DR)
Pour ce qui concerne L'Enlèvement au Sérail, on a une tradition mozartienne à Rouen, qui est liée d'une part au fait que Mozart est un compositeur incontournable, et d'autre part à la taille de notre orchestre. Il a la taille d'un orchestre mozartien dans sa formation standard. Je programme donc chaque saison un ouvrage de Mozart. Nous avons monté ce projet avec Clermont-Ferrand, avec qui nous avons déjà fait un Don Pasquale. Il y a là-bas un concours de chant qui permet de découvrir de nouveaux talents et de monter une production avec les lauréats, qui chanteront donc dans cette production.
Quelle est l’importance de la coproduction pour un opéra comme Rouen ?
Même si le principe de collaboration restreint un peu la liberté de programmation, c'est presque devenu une obligation dans notre économie, dans un contexte dans lequel les finances sont de plus en plus compliquées. Au-delà de l’aspect économique, c’est aussi intéressant sur le plan artistique. Pour une maison de la taille de la nôtre où les séries ne sont pas extrêmement longues, il est bon de pouvoir jouer les productions dans d’autres théâtres.
Pouvez-vous présenter la Passion selon Saint Jean qui sera mise en espace ?
C'est une mise en espace de Pierre Audi (l’actuel Directeur de l'Opéra d'Amsterdam et futur Directeur du Festival d'Aix-en-Provence) que j'ai vue à Amsterdam. La direction d'acteurs était vraiment formidable. C'est la Passion dans son intégralité et avec son historicité, mais avec beaucoup de résonances contemporaines. La mise en espace décrit vraiment les différentes étapes de la passion du Christ, et en même temps il y a des projections vidéo qui renvoient à des éléments de notre monde, à ce que peut être la question de la religion et de la fidélité à ces convictions dans différentes situations. Cette mise en relation des deux est assez percutante. Les images vidéo sont basées sur un travail du plasticien flamand Wim Delvoye. Ce sont des figures très esthétiques qui permettent de comprendre pourquoi cette œuvre peut encore avoir une signification au-delà de la beauté musicale qui est évidemment imparable. La mise en espace est très sobre : les chanteurs sont en costumes d'aujourd'hui, ils ne représentent pas des personnages en particulier, mais la manière qu'ils ont de se regarder et d'incarner les paroles est très bien faite.
Tineke van Ingelgem (© Tim De Backer)
La saison se terminera avec Médée : que pouvez-vous nous en dire ?
La mise en scène de Jean-Yves Ruf a été créée à Dijon il y a deux saisons. Jean-Yves Ruf est un grand metteur en scène de théâtre et un directeur d'acteurs formidable. Il a fait un travail très efficace et très prenant. Je suis très content de présenter cette production. Nous avons repris une partie de la distribution de Dijon, notamment Tineke van Ingelgem qui avait chanté le rôle et qui était d'un investissement total. Elle a fait un très beau travail sur la psychologie du personnage. Nous avons souhaité retravailler avec elle, mais nous avons aussi changé certains rôles.
Il s’agira de votre dernière saison à Rouen : quel bilan faites-vous de votre mandat ?
Je suis très content du dynamisme de cette maison qui vit et propose beaucoup de choses. J'ai souhaité ouvrir le plus de portes possibles, c'est-à-dire présenter du grand répertoire lyrique, mais aussi aller vers une exploration de formes peu connues du public, ou vers des formes un peu transversales entre les arts, comme des concerts mis en espace ou des interactions entre concerts et éléments visuels. J'ai aussi cherché à développer du répertoire contemporain, et le public a vraiment suivi.
Au début, il a toujours des tâtonnements, mais aujourd’hui, beaucoup de choses fonctionnent très bien. Le nombre d'abonnés ne cesse d'augmenter, et le taux de remplissage, 87% tous spectacles confondus, est très honorable, étant donné l’exigence et l’audace des propositions. Le public est globalement nombreux et curieux. Je suis aussi très satisfait d'avoir pu développer cette programmation en famille qui est reconnue localement puisque la demande est forte, mais qui commence à être également reconnue nationalement. La maison est bien identifiée maintenant comme un lieu de référence dans ce domaine.
Quels sont les chantiers que vous laissez à votre successeur ?
Le chantier principal, c'est un peu l’écueil de cette maison : nous avons trop peu de moyens par rapport à nos ambitions, donc nous sommes toujours en train de tirer sur l'élastique. Notre budget de 12 à 13 millions d'euros est trop restreint pour proposer à la fois une programmation lyrique, une programmation symphonique avec un orchestre permanent, une programmation danse et une série de concerts dans la Chapelle Corneille. Cela fait une centaine de levers de rideau par an. Nous devons toujours compter le moindre euro et faire attention à la taille des projets. Cela devient de plus en plus difficile puisque les subventions n'ont pas augmenté jusqu'ici, et ont même franchement diminué cette année. Il y a un vrai enjeu de modèle économique à trouver, soit par une augmentation des subventions, soit par une réadaptation de l'échelle du projet. Ce sera le travail de Loïc Lachenal de s'adapter à cette situation. Nous avons toujours réussi à finir en équilibre, sans jamais de déficit donc je considère déjà ça comme une prouesse.
Loïc Lachenal, le successeur de Roels à la direction de l'Opéra de Rouen
Comment la transition va-t-elle se faire ?
Elle se fait assez sereinement. La région m'a annoncé son intention d'ouvrir un appel à candidatures à l'issue de mon deuxième mandat. Même si les directeurs n'ont pas vocation à rester très longtemps, j'aurais pu continuer volontiers encore trois ans, mais dans ce contexte, je n'ai pas souhaité poser ma candidature. Je comprends toutefois que dans un contexte de changement de périmètre régional et de changements politiques, ils aient souhaité ouvrir le jeu. Je connais bien Loïc Lachenal puisque je suis membre du bureau du syndicat Forces musicales dont il est le directeur : nous nous côtoyons depuis longtemps. Il commence à temps partiel dès maintenant, pour préparer la saison 18/19, sachant que j'ai complètement préparé la 17/18.
Avez-vous déjà lancé des coproductions pour les saisons suivantes ?
J'ai posé deux projets pour 18/19 mais ils ne sont pas très gourmands budgétairement. Ce sont des coproductions assez larges, auxquelles je tenais à associer la maison, sinon cela aurait été trop tard.
Y a-t-il des œuvres que vous regrettez de n'avoir pas programmées ?
Non je n'ai pas de regrets. Les œuvres que je n’ai pas pu monter sont souvent trop lourdes pour Rouen. Je pense notamment à Die tote Stadt de Korngold ou à des grands Strauss comme Salomé ou Elektra qui sont absolument formidables mais surdimensionnés en termes d'orchestre. Nous aurions en revanche pu faire Der Rosenkavalier, mais je n'ai pas eu assez de temps.
Y a-t-il une production dont vous soyez particulièrement fier ?
Je suis assez fier d'avoir pu mettre en œuvre Lolo Ferrari, un ouvrage qui a été décrié par certains, qui n'imaginaient pas qu'on puisse faire un opéra sur ce sujet-là. Pourtant, nous avons eu de très bons retours du public. Les gens étaient vraiment contents de ce spectacle qui avait l'audace d'un sujet, servi par une mise en scène de Michaël Delaunoy qui était intelligente, fine et respectueuse des codes de l'opéra. J'étais assez fier d'avoir pu faire cette création, d'avoir amené un ouvrage nouveau au répertoire.
Savez-vous ce que vous ferez une fois votre mandat achevé ?
Pas pour le moment. Je sais que je vais faire de la mise en scène : il y a déjà des reprises de productions prévues l'année prochaine. Ensuite, j'espère reprendre des responsabilités artistiques quelque part, mais ce n'est pas encore défini.