Les Lombards de Verdi à l’Opéra de Liège : Viclinda
« Viclinda [la femme d'Arvino toujours aimée par son frère Pagano, ndlr] voit que si Pagano est revenu, la peau du loup n’a pas vraiment changé. Son passage dans l’histoire est court mais elle déploie une grande présence », explique tout d’abord la metteuse en scène Sarah Schinasi.
Et son interprète Aurore Daubrun d'enchaîner : « Viclinda a une position à la fois centrale et secondaire dans I Lombardi. Centrale car son choix amoureux est à la source de l’intrigue : objet de convoitise de deux frères, elle choisit d’épouser Arvino déclenchant ainsi la jalousie et la hargne de Pagano. Secondaire car ce fait est relaté au début de l’opéra mais il fait rapidement place aux événements autour de la vengeance de Pagano et son exil auxquels Viclinda n’est que peu associée (elle n’apparaît plus après le premier acte). On la découvre ici en tant que mère, pieuse et spectatrice des événements.
Le rôle de Viclinda semble écrit tantôt pour une soprano (elle est très souvent à l’unisson avec sa fille Giselda, soprano, dans des ensembles qui les emmènent jusqu’au contre-ut), tantôt pour une mezzo-soprano (notamment dans les quelques phrases à découvert qui lui sont attribuées). Il me paraît donc important d’user de dextérité pour garder la voix la plus équilibrée et la plus homogène possible tout au long de la partition.
Son passage soliste en introduction au “Salve Maria” de Giselda me plait beaucoup. Sa voix fait écho à l’introduction de l’orchestre qui dépeint un climat à la fois mystérieux et dramatique.
Ce qui me plait le plus dans cet opéra est de le chanter… littéralement. La majorité des interventions de Viclinda est en ensemble, et il faut reconnaître que chanter du Verdi est très agréable, quelle que soit la configuration. Les chœurs sont porteurs et j’aime beaucoup la dynamique de l’écriture qui leur est confiée.
Quant au choix de représenter cette œuvre au public, I Lombardi a remporté un vif succès lors de sa création mais la postérité l’a délaissé au profit des « grands Verdi » (bien qu’il ait été interprété et enregistré par des personnalités marquantes du monde lyrique). On sait combien l’appréciation de l’art est subjective : là où certains entendront un « petit frère malheureux de Nabucco » ou une « œuvre de jeunesse » à l’intrigue (trop) complexe, d’autres se réjouiront d’entendre ce qui fut l’esquisse de Jerusalem, esquisse qui comporte malgré tout de très beaux airs, une partie chorale impressionnante et des phrases musicales évoquant d’autres opéras verdiens. »
Rendez-vous demain pour la suite de cette série en 10 épisodes vous présentant les personnages de cet opéra.
Et rendez-vous à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège pour cette nouvelle production mise en scène par Sarah Schinasi, et dirigée par Daniel Oren.
Et retrouvez ci-dessous les 10 épisodes de cette Série :