Christoph Pohl présente aujourd’hui le Roi des Oiseaux : “Je chante le rôle de l’oiseau nommé “Wiedehopf” dans cet opéra allemand, en anglais c’est “hoopoe” tandis qu'il a le nom que je préfère en français : “Huppe fasciée”. Pour moi, il était intéressant d'apprendre ces noms (ce n’est pas un détail), car dans cette partition où l'on retrouve beaucoup de chants d'oiseaux, le son des huppes ressemble justement à quelque chose comme « hophophoooohop » (et il est également précieux de savoir qu’il a été élu oiseau de l'année 2022 (à 41,9% de 143.000 votes en ligne). Sa caractéristique la plus remarquable est son look flamboyant, et c’est peut-être la seule : il n'est ni un bon chanteur ni un bâtisseur de nid hors du commun. À mon avis, cela correspond à son apparition dans l'opéra (et il serait intéressant de savoir si le public peut aussi interpréter cela d'une manière politique). 

Dans l'opéra, avant de devenir le Roi des oiseaux, il était un être humain. Il a gravi les échelons en enseignant aux oiseaux des mots et des comportements qu'ils ne connaissaient pas. Ainsi, sa position de roi n'est pas nécessairement méritée  : il savait juste une chose mieux que les autres. Maintenant, il se détend dans sa vie quotidienne privilégiée de roi, tandis que les oiseaux autour de lui le tolèrent plutôt qu’ils ne le respectent. Au moment où les deux humains apparaissent et lui donnent l'idée de construire une ville dans les nuages pour dominer le ciel, il montre sa naïveté et est excité par le nouveau défi sans y penser jusqu'au bout. 

En raison de la grande orchestration de la partition et du fait que la partie de la Huppe est principalement composée dans la gamme vocale basse et moyenne, il y a souvent le danger d'être noyé par l'orchestre. Cependant, le travail du chant peut aussi, à cet égard, s'intégrer à merveille : la Huppe doit se faire entendre comme un dirigeant ressortant dans une grande foule (cela montre combien il prétend être la royauté plutôt qu’il ne l’est réellement). À juste titre, ses phrases commencent souvent musicalement par des caractéristiques belles et héroïques, mais s’avèrent en fait insensées. Faire ressortir cette caractérisation musicale sans paraître aussi déraisonnable en tant que chanteur est, pour moi, le défi de cette partie.

La Huppe n'a pas d'aria au sens classique du terme. Son plus grand moment est principalement la scène dans laquelle, avec l'aide du Rossignol, il rassemble tous les oiseaux et essaie de parler ou de discuter avec ses sujets. Au début, cependant, contrairement à toute l'excitation qui l'entoure, il devient de plus en plus lent en rythme et en caractère. Cela peut être interprété soit comme une astuce assez simpliste pour feindre l'autorité, soit comme de la bêtise (il ne peut tout simplement pas penser aussi vite), ou bien peut-être a-t-il passé une soirée agitée la veille !” 

Retrouvez Les Oiseaux de Walter Braunfels en création française à l'Opéra National du Rhin, du 19 au 30 janvier 2022 à Strasbourg, les 20 et 22 février à Mulhouse

Pour naviguer parmi les Airs du Jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- Bonespoir
2- Fidèlami
3- Le chœur 
4- Le Roitelet
5- Le Rossignol
6- Rossignol & Bonespoir
7- La Huppe
8- Prométhée
9- L’Aigle et Zeus
10- Deux baguettes