Otello de Rossini à Liège : Desdemona
Salome Jicia, viendra incarner la tragique héroïne Desdemona, victime sacrificielle de son amour, de la jalousie d’Otello, de la manigance de Iago, ici comme chez Verdi et Shakespeare. Cette Desdemona Rossinienne, même si elle est (encore) moins connue que celle de Verdi, n’en est pas moins un défi comme nous le confirme la chanteuse : “Lorsque j’ai commencé à étudier le rôle de Desdemona, j’ai eu peur tant sa partition est imposante. Je chante déjà Rossini mais dans un répertoire totalement différent. Il faut ici mesurer l’énergie émotionnelle et musicale, durant ces trois actes où Desdemona est très présente. La fin des premier et deuxième actes doit la montrer à la fois très dramatique et très fragile.”
La chanteuse fera à Liège sa prise de rôle mais elle pourra en effet s’appuyer sur sa connaissance du compositeur (elle qui a rejoint en 2015 L’Academia Rossiniana à Pesaro, ville de Rossini et de son Festival) et, comme chez Verdi, elle pourra déployer sur une sublime Chanson du Saule : “Clairement, ce 'saule' est comme une berceuse funéraire. Pour moi, après avoir chanté la Semiramide de Rossini, c’est un nouveau défi que de chanter Desdemona si jeune et si sensible, dans ce passage notamment.”
Le chef d’orchestre qui la dirigera, Maurizio Benini, rappelle d’ailleurs que même cette douceur est brusquée à un moment : “La Chanson du Saule est étrangement interrompue par un bref récitatif avant d’être reprise” (un contraste que nous retrouverons dans un prochain épisode avec le chant du gondolier.
La Chanson du Saule (pleureur évidemment) est ici chantée par Montserrat Caballé avec l'Orchestra della RCA Italiana sous la direction de Carlo Felice Cillario :
Assisa a piè d'un salice, immersa nel dolore, gemea trafitta Isaura dal più crudele amore:
L'aura tra i rami flebile ne ripeteva il suon.
I ruscelletti limpidi a 'caldi suoi sospiri, il mormorio mesceano de' lor diversi
L'aura fra i rami flebile ne ripeteva il suon.
Salce d'amor delizia!
Ombra pietosa appresta, di mie sciagure immemore, all'urna mia funesta; nè più ripeta l'aura de' miei lamenti il suon.
Assise au pied d'un saule, inondée de douleur, Isaura gémissait, blessée par le plus cruel amour.
Le vent entre les branches répétait le son de ses soupirs brûlants
Les ruisseaux clairs murmuraient
Saule pleureur, délice de l'amour !
Prête ton ombre charitable, oubli de mes malheurs, vers mon funeste tombeau, car le vent ne renvoie que le son de mes lamentations.
Retrouvez cette production du 19 au 31 décembre 2021 à l’Opéra Royal de Wallonie.
Pour naviguer parmi les Airs du jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- L'Orchestre : vous avez dit Rossini ?
2- Des chœurs discrets mais essentiels
3- Le rôle-titre
4- Desdemona
5- Emilia
6- Rodrigo
7- Iago
8- Duels en duos
9- Le Gondolier
10- Le Sénateur Elmiro