La Veuve Joyeuse à Nice : entrée de Danilo
Dès son air de présentation, Danilo chante un air à la gloire du libertinage et de l’inconstance (une sorte de Don Giovanni qui aurait été transporté dans le Paris frivole du XIXe siècle). Cet air tient une place essentielle dans l'intrigue car il présente le protagoniste masculin avec son caractère initial qui évoluera finalement vers l’admission de son amour pour Hanna (la Veuve joyeuse), mais il présente aussi tout le ressort de l’intrigue : Danilo commence par demander pardon à la patrie car celle-ci voudrait bien qu’il séduise Hanna, afin que reste au pays la fortune dont a hérité la Veuve joyeuse.
Voici les paroles de cet air :
Pardonne-moi chère patrie, Si, par quelques libations,
J'entremêle de fantaisie Mes saintes occupations.
Dès que deux heures sont sonnées, Je cours à la légation
Et m'y tue toute la journée Jusqu'à trois heur'sans rémission.
J'écris des lettres parfumées, Pour jurer éternellement,
A d'éphémères bien-aimées, Le grand amour d'un p'tit moment.
Déjà trois heures sont sonnées, Vite ma canne et mon chapeau;
Après une telle journée Il faut prendre un peu de repos !
Je vais chez de petites amies, Et j'essaye par tous les moyens,
J'essaye jusqu'à six heur's et demie De devenir bien parisien.
Toujours par dévouement
Pour mon gouvernement,
Je voltige à la ronde
De la brune, à la blonde,
Manon, Lison, Ninon,
Suzon, Fanchon, Toinon.
C'est tout un demi-monde
Où jamais-on n'dit non.
Et lorsqu'ayant servi
Tout'la nuit mon pays,
Je m'endors l'âme contente
A l'heure où le coq chante,
Je rêv'de choses foil's, de femm's au cœur constant,
De dimplomates habiles et d'éternels amants.
Cet air présente donc un personnage frivole mais dont la légèreté cache des sentiments profonds : c’est tout le thème de cette œuvre mais aussi de sa musique. Comme vous le présentent tous les interprètes dans cette série, l’apparente légèreté et facilité exige d’importants moyens vocaux. Le Danilo niçois, verra ainsi le baryton Frédéric Cornille faire une prise de rôle mais celui-ci insiste également sur la dimension opératique de sa partie : “Elle donne le plaisir de traiter la ligne de chant et d’en soigner le lyrisme. Il faut travailler l'articulation et la prosodie (a fortiori pour défendre ce texte renouvelé en français). Le travail syllabique appuie aussi le mordant mais doit se dessiner dans l'exigence lyrique de la ligne qui monte vers l'aigu avec aisance : qu'elle s'épanouisse.” Il poursuit ainsi son tour de France des opéras et revient à Nice où il avait chanté Andrea Chénier en 2019 et Les Huguenots en 2016 : des œuvres au lyrisme imposant (également donc, mais avec d’autres moyens).
Une production à retrouver à l’Opéra de Nice les 3, 4 et 5 décembre 2021 dans le cadre de la XXème édition du Festival d’Opérette de la Ville de Nice.
Pour naviguer parmi les Airs du jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- L'ouverture et l'orchestration
2- Une Heure exquise
3- L'entrée d'Hanna en star Hollywoodienne
4- L’Air de Vilya
5- Entrée de Danilo
6- Camille et Valencienne, acte I
7- Camille et Valencienne, acte II
8- Camille et Valencienne, conclusion
9- Les grisettes
10- Femmes, femmes, femmes !