L'Opéra aujoud'hui – Kaija Saariaho
1. De la Finlande à Paris
« Je me suis marié à 19 ans pour quitter la maison. En Finlande la majorité était à 21 ans et j’avais des problèmes avec mes parents. Saariaho est le nom du jeune homme avec qui je me suis marié, Il avait 5 ans de plus, j’ai divorcé l’année d’après. J’avais quitté une prison pour en retrouver une autre, mais j’ai gardé le nom Saariaho par vengeance contre mon père ».
Cette anecdote tirée des grands entretiens de France Musique rend bien compte de la force de caractère de la jeune finlandaise, née Laakkonen qui, sous une grande timidité, cachait une puissante force de caractère. Avec le recul, elle explique cette grande timidité par une ultra-sensibilité dans laquelle elle baigne au quotidien et qui éclaire sur les couleurs et nuances infinies de sa musique.
Jeune fille à la santé fragile, elle se réalise à travers les arts : le violon à 6 ans, le dessin, l’orgue, et des premiers essais de composition à 10 ans, puis à 17. Elle étudie aux beaux-arts, au conservatoire d’Helsinki et à l’Université la musicologie et la littérature.
Prise autour de 21 ans par une nécessité de composer, elle réussit à intégrer l’Académie Sibelius entre 1976 et 1980 sous la direction du compositeur Paavo Heininen. Là-bas, elle rencontre le compositeur Magnus Lindberg et le chef d’orchestre Esa-Pekka Salonen. Dans l’académie finlandaise conservatrice, ils créent avec d’autres étudiants l’association Oreille ouverte!, dans l'idée de promouvoir la musique post-sérielle (après le mécanisme ordonnant la musique en série de sons). De cette période, elle décrit une course au plus novateur dont il a d'abord résulté une musique intellectuelle, d’une grande complexité... et la plupart du temps, inaudible.
Elle continue ses études de musique à Fribourg et Darmstadt en Allemagne, puis à l’Ircam en France en 1982 attirée notamment par les études sur l’acoustique qui s’y faisaient et la musique spectrale (travaillant avec des moyens acoustiques, les spectres : l'enveloppe, l'apparence analysée des fréquences de sons) de figures comme Gérard Grisey et Tristan Murail. Elle y est la seule femme et y compose sa première œuvre importante en 1984, Verblendungen (Parements) pour orchestre et électronique.
Rendez-vous demain et toute cette semaine pour un nouvel épisode de cette série d’#Airdujour sur la grande compositrice finlandaise Kaija Saariaho.