Nadine Sierra sur Eliogabalo au Palais Garnier : "Une vraie prise de risque"
Nadine Sierra, vous êtes actuellement à l’affiche d’Eliogabalo de Francesco Cavalli au Palais Garnier, dans une mise en scène de Thomas Jolly. Vous y chantez le rôle de Gemmira. Comment les premières représentations se sont-elles déroulées ?
Elles se sont bien passées. Le public semble vraiment apprécier le spectacle : les applaudissements lors des saluts sont extrêmement enthousiastes. Nous sentons depuis la scène que les spectateurs adhèrent à ce que nous faisons. J’en suis ravie car nous ne savions pas comment cela serait reçu, d’autant qu’une grande partie du public n’avait jamais entendu Eliogabalo. Au sein de la distribution, nous faisons tous notre prise de rôle et la plupart d’entre nous n’avait pas entendu l’œuvre avant. Il s’agissait donc d’une vraie prise de risque. Par ailleurs, ce n’était pas gagné non plus que le public adhère à une mise en scène moderne et très visuelle sur un opéra baroque. Dans le public, il y a de grands amateurs de baroque, de vrais passionnés : nous avons tant travaillé que nous espérions vraiment qu’ils accepteraient cette proposition artistique. C’est un opéra difficile à apprendre. Il est long : il dure presque quatre heures, même si nous avons réussi à le raccourcir d’environ dix minutes. Il nous a donc demandé beaucoup de labeur, d’énergie et de stress. C’est une vraie récompense de recevoir à chaque représentation la reconnaissance du public que nous espérions tant. Je prends beaucoup de plaisir à chanter cet opéra, même si le répertoire baroque est très nouveau pour moi : il s’agit de ma première expérience et je n’avais jamais réellement imaginé l’investir.
Franco Fagioli et Nadine Sierra dans Eliogabalo (© Agathe Poupeney)
Pensez-vous à présent approfondir ce répertoire ?
Tout à fait ! J’y prends beaucoup de plaisir. J’ai toujours beaucoup aimé Haendel et ma voix correspond très bien. Cléopâtre dans Jules César serait par exemple un rôle intéressant. J’aime chanter avec des contre-ténors. Cela a toujours été de belles expériences, comme avec Philippe Jaroussky avec qui nous venons d’enregistrer l’Orfeo de Monteverdi, mais aussi Bejun Mehta et Franco Fagioli. Explorer ce répertoire serait vraiment passionnant.
La production d’Eliogabalo bénéficie d’une belle distribution. Comment est l’ambiance entre vous ?
Nous sommes vraiment très proches les uns des autres. C’est même indescriptible. C’est une jeune distribution et nous sommes tous dans le même groupe d’âge. Certains ont une grande expérience du baroque et certains découvraient ce répertoire. Du coup, lors de notre première rencontre, nous avons beaucoup discuté et partagé nos différentes expériences. Nous avons beaucoup appris les uns des autres, ce qui est finalement assez rare. Ici, personne ne se prend pour une diva.
Il y a douze dates, ce qui est beaucoup : n’y a-t-il pas une lassitude qui s’installe ?
Au contraire. C’est de plus en plus intéressant. Lors de la Première, nous confrontons notre travail au public, ce qui génère du stress car nous espérons que le spectacle va plaire. Une fois ce stress évaporé, nous gagnons de la confiance ce qui nous aide à essayer de nouvelles choses, à plonger davantage dans la psychologie des personnages et dans les relations entre eux. Aujourd’hui, il y a des choses que nous faisons de manière très différente par rapport à la Première : cela maintient une certaine fraicheur lors de chaque date. Nous ne nous ennuyons jamais. C’est tant mieux car sur un opéra de près de quatre heures, ce serait dommage de s’ennuyer ! Nous cherchons à rendre chaque représentation intéressante et brillante.
Retrouvez ici la suite de cette interview, dans laquelle Nadine Sierra se confie sur sa carrière et ses projets. Pour ne pas la manquer, ajoutez-la à vos favoris Ôlyrix (bouton en haut de sa page).
Pour voir Nadine Sierra à l'opéra, réservez sur Ôlyrix vos places pour Eliogabalo (cliquez ici), la Flûte enchantée (cliquez ici) et Rigoletto (cliquez ici) à l'Opéra de Paris, ainsi que pour Rigoletto aux Chorégies d'Orange (cliquez ici) !